L'histoire :
1925. Le capitaine Nerval est radié du corps des Grenadiers de l’Empire, à la suite d’une escarmouche à la frontière franco-chinoise et à une vive altercation avec son supérieur, le colonel Pétain. De retour à Paris, Nerval retrouve la capitale parisienne en effervescence, prête à accueillir l’Europe toute entière pour le sacre de son futur empereur. Non loin de là, Arturo Fermi, jeune polytechnicien de génie, découvre une source d’énergie infinie qui peut s’avérer être également une arme fatale. Mais le jeune homme aussi brillant que naïf est manipulé par Mata Hari, aventurière sans scrupule à la solde de l’Empire chinois. Après avoir volé la découverte de Fermi, cette puissance étrangère veut la faire exploser en plein Paris. Même si Nerval finira par déjouer l’attentat, la célèbre espionne fera cependant assassiner le roi d’Angleterre sur le sol français durant la cérémonie du couronnement. Il n’en fallait pas plus aux deux empires pour se livrer une guerre d’usure, pour le plus grand bonheur de l’Empire chinois. Ce dernier voit ainsi ses deux principaux rivaux s’annihiler mutuellement : « sacrifier le prunier pour sauver le pécher » et ainsi dominer le monde…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Vive l’Empereur, Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard développent certainement leur uchronie la plus ambitieuse. Ainsi, l’Empire français est ici européen, le Royaume-Uni domine les mers du globe et la Chine observe les deux puissances en rêvant de prendre leur place. La technologie de l’Empire est entièrement basée sur l’électricité, le pétrole est une découverte récente et l’énergie atomique n’en est qu’à ses balbutiements. Tout cela dans un Paris architecturalement réinventé et survolé en permanence par une flotte de dirigeables. Si l’univers graphique est riche, le scénario flirte cependant avec les limites du genre. En effet, le principe veut qu’à partir d’une variation d’un fait historique, l’histoire soit différente : ici le point uchronique intervient en 1812 et l’action se passe en 1925… soit 100 ans après, dans un univers totalement recomposé. Dès lors, il devient étrange d’imaginer un Pétain se battant contre les anglais, une Mata Hari quinquagénaire mais encore terriblement attirante ou un certain Adolph Hitler manipulé, assassinant le roi d’Angleterre et déclenchant de fait une 1ère guerre mondiale. Le cartésianisme de certains aura peut-être du mal à assimiler cet univers improbable qui n’est pas exempt d’une relative démesure. En effet, que dire de l’avènement d’un culte à Mithra ou d’une culture scientifique rétro-futuriste aux choix technologiques curieusement binaires ? Il y aurait eu matière à faire au moins deux albums, comme pour Septembre rouge/Octobre noir, ce qui aurait permis aux scénaristes de mieux cerner les tenants et les aboutissants de leurs choix historiques et de ne pas se contenter de présupposés rapidement survolés, malgré quelques longueurs inutiles. Quoiqu’il en soit, si le scénario n'est pas sans reproche, le graphisme de Gess (avec ses qualités et ses défauts) permet de rattraper certaines ellipses par trop rapides. Initialement prévue en 6 albums, la série s’incrémenterait de 3 nouveaux opus… attention à ne pas faire l’album de trop !