L'histoire :
Alors que l’alter ego de Théo est seul dans son appartement, il reçoit la visite d’un inconnu aux traits austères. L’individu s’installe dans le salon et lui donne un document qui lui confirme que Théo peut mourir à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Il joint un dossier avec les 14 582 façons de mourir. Ce dossier comprend également six études, pourcentages à l’appui, qui tendent à confirmer que sa vie future sera exclusivement composée de souffrances, désillusions, terreurs et se terminera probablement dans un état de démence liée aux différentes psychoses développées dans la vie. Un second document énumère toutes les possibilités d’existences plus heureuses qu’il aurait pu connaître. Pour chacune d’entre elles, il y a le détail des mauvais choix faits par Théo et qui l’ont coupé pour toujours de ces potentielles vies épanouies. L’inconnu lui donne également un document certifié d’une entité cosmique supérieure qui atteste de l’inutilité et de l’absurdité de son existence à l’échelle de l’univers. C’est à peu près comme cela que s’est déroulée la première crise d’angoisse de Théo.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir vécu plusieurs crises d’angoisse, Théo Grosjean (Prix Pépite du salon du livre de Montreuil et prix de la meilleure BD de science-fiction des Utopiales pour Un gentil orc sauvage) a décidé de s’en inspirer pour en faire de courtes histoires illustrées. C’est avant tout sur les réseaux sociaux (Instagram) que Théo a partagé son expérience et publié ses premières planches. Le ton de ces courtes histoires est résolument celui de l’autodérision. Avec beaucoup d’humour, Théo Grosjean met en scène son quotidien d’anxieux où tout est source d’inquiétudes, de ruminations, d’interprétations, de phobies, d’hypocondrie ou de stress. Le gars qui lui demande de surveiller son sac dans le TGV ne serait-il pas un terroriste ? A-t-il bien fermé la porte des toilettes publiques ? Ne va-t-il pas avoir une panne pour sa première fois avec une fille ? Le quotidien de ce névrosé est un enfer : Théo voit toujours le verre à moitié vide et pense toujours au pire, ce qui le conduit souvent à se mettre en situation d’échec. Qu’il soit en ville, en société ou seul chez lui, aucun environnement ne le rassure. Même les évènements qui pourraient être positifs tournent à la catastrophe comme s’il s’interdisait d’être heureux. Malgré le sentiment de malaise permanent que Théo Grosjean peut éprouver, la conclusion de chacune de ses histoires montre avec subtilité l’absurdité et le caractère risible de ses obsessions. Théo Grosjean s’est choisi un avatar longiligne au regard un peu endormi dont le front perle dès que l’angoisse monte. Son dessin est lisible, rapide, mais très expressif, le tout parfois rehaussé d’une couleur ocre.