L'histoire :
Après une soirée bien arrosée en compagnie de sa fiancée Joliette et d’autres amis comme Lazlo, Josef Setznar passe la nuit chez sa cousine Édith, artiste peintre et femme libre. Il se réveille avec un sacré mal de crâne. Dehors, rien n’a changé. La Milidza réprime tout ceux qui ne respectent pas les règles. Les francs-battants commettent des attentats et des sabotages. La tournure des évènements inquiète le père de Josef. Le climat est de plus en plus tendu. Il conseille à son fils de partir d’ici avec Joliette, tant qu’il en est encore temps. Un soir, sur les hauteurs de la ville, Josef retrouve Lazlo et Édith, qui est venue avec Vespérine, une amie. Cette femme au charme troublant est l’épouse de Wiltod Dieps, un opposant devenu paralytique, cloué sur une chaise pour ses idées. Josef est séduit par sa personnalité. Vespérine est une femme libre. Persuadée qu’il s’agit de francs-battants, la Milidza débarque et interpelle tout ce petit monde. Ce n’est pas une heure pour se promener…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec son titre étrange, Le désespoir du singe est de ces livres qu’on découvre avec l’espoir de vivre une belle aventure. Ce qui est le cas, dès les premières pages, et jusqu’à une fin magistrale. Tout est bon ici. Les textes de Jean-Philippe Peyraud nous content une histoire inspirée, où l’esprit de la littérature russe n’est jamais loin (L’idiot de Dostoievski, Docteur Jivago de Pasternak…). Sur fond de révolution avec les francs-battants et de répression avec la Milidza, l’impression de se retrouver au début du XXème siècle est frappante. L’amour est pris dans la tourmente, une ethnie est prise pour cible (les juifs), une mer est vidée de son âme (cf. la Mer d’Aral ?). Mais Peyraud n’insiste jamais sur la dimension ethnique, c’est ce qui fait la force du récit, car tout le monde peut s’y retrouver. Le souffle du récit remporte l’adhésion du lecteur. Alfred rend une copie quasi parfaite, entre dessin réaliste et surréaliste. Sa représentation des membres de la Milidza est très inventive. L’histoire d’amour à trois, entre Josef, Vespérine et Joliette, ou celle d’Édith et de Lazlo sont parfaitement mises en image, tout comme le train du colonel Komack qui rappelle le Transperceneige. Les autres personnages sont attachants ou révoltants grâce à l’émotion du trait d’Alfred. Une magnifique intégrale qui touche en plein cœur et frappe aux tripes !