L'histoire :
Dans la ville de Prechz, la politique d’irrigation intensive que mène le pouvoir dictatorial est en train d’assécher la mer intérieur et ruine dans le même temps les marins-pêcheurs. Aussi une révolution a-t-elle été enclenchée : les francs-battants ont fait sauter le parlement. En retour, de sombres milices exercent une répression sanguinaire sur la population. Certains tentent de fuir à l’étranger, dont Josef et sa future épouse Joliette. Josef ne pense pourtant qu’à Vesperine, récente amante engagée dans la révolution, dont il est tombé profondément amoureux. Ils sont tout un groupe à avoir fait appel aux services d’un passeur à la mine patibulaire. De nuit, évitant les projecteurs des milices, ils embarquent sur un petit chalutier voguant sur la mer d’Edel. Un contrôle les oblige à se cacher dans la cale, la peur au ventre. Puis ils accostent et entame une longue marche à travers un gigantesque cimetière d’épaves : cette région prouve que la mer d’Edel s’est encore plus asséchée qu’on ne l’a dit. Pendant ce temps, Edith et Lazlo tentent eux aussi de fuir, par la route. Fils d’industriel, Lazlo bénéficie en effet de quelques passe-droits…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sans doute le scénario de ce second opus est-il moins dense que sur le premier tome. Jean-Philippe Peyraud a brillamment passé la phase d’exposition et présenté des protagonistes attachants, il déroule à présent en parallèle les deux trames de son récit. D’un côté, nous assistons à la triste cavale de Josef et Joliette, à travers la brume, les épaves et la terreur, vers des contrées plus accueillantes. De l’autre, nous suivons le destin tout aussi tourmenté d’Edith et Lazlo, par voie de terre. Indéniablement, l’épisode est encore plus sombre, plus tragique que sur le premier opus, déjà fort peu gai… On ne voit guère d’issue réjouissante pour nos personnages, quant bien même ils se trouvent, en fin d’épisode, tout au fond du trou. Une histoire d’amour impossible, une répression aveugle, un climat de fin des temps… L’humanité est bien mise à mal dans ce drame politique et romantique. Le dessin d’Alfred, toujours spontané et délié, adopte le ton tragique de la narration : ses couleurs sont froides (à l’image de la couverture), et plus les évènements sont poignants, plus son graphisme se fait torturé, jusqu’à adopter parfois de simples masses suggérées. Un petit bijou de symboliques, passionnant et tragique…