L'histoire :
Bouillonnante ou calme, l’eau est le miroir de l’âme. Celle de Tikku est à cet instant semblable à une tempête. Lui et ses compagnons sont les invités des Satorro. Si le daimyo se montre prévenant et courtois, son épouse, la belle et secrète dame Mikkado, invective Okko : selon le code Bushido, la perte de son katana exigerait qu’il se fasse seppuku en véritable samouraï ! Tsu ! Sottises, songent nos amis qui, chacun, reconnaissent dans l’entourage seigneurial un ennemi : le marionnettiste et la naine du relais Kappa ? L’ère Asagiri est celle du chaos et des guerres fratricides pour le royaume du Pajan… Alors que ses trois compagnons de basse extraction gagnent les annexes du château, le rônin est conduit à ses appartements par maître Kanatta. Celui-ci le provoque en duel dans le dojo et prend rapidement le dessus : touché ! De son côté, le moine Noshin remarque un temple à l’abandon : comment une famille de la noblesse des Satorro peut-elle ainsi tourner le dos aux kamis ? Etrange…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il était attendu au tournant. Hub brise la glace et, loin de couler à pic, transforme magistralement l’essai. Le succès mérité du premier opus augurait un second volet tout aussi grandiose. Le plus dur dans un diptyque est souvent de conclure juste, à la hauteur des espoirs suscités. Les heureux lecteurs de la version 2B (sortie fin novembre 2005, nantie d’une sublime couverture) ne seront guère surpris. Pas de miracle, encore moins de tsunami (cf. la double planche 18-19 encrée pourpre), le talent du jeune auteur est pareil à l’eau : bouillonnant et limpide, capable de toutes les prouesses ! Sa palette de couleurs paraît infinie, des tons violacés qui sentent bons la marée (de sang !) et exhalent un enivrant parfum d’exotisme. La cosmologie orientale et l’univers médiéval âpre, guerrier, sur l’archipel du soleil levant, habillent une intrigue parfaitement orchestrée dont on ne saisit pleinement l’articulation qu’à la lecture des ultimes planches. Un art du découpage et du cadrage consommé. Finesse du trait et maîtrise. A croire que les kamis favorisent un goût prononcé pour le saké ! Trop élogieuse cette chronique ? Le moine Noshin, tel Confucius, enseigne à Tikku la longueur et la difficulté du chemin qui mène à la sagesse. L’eau est le premier des éléments, celui qui donne la vie. Le cycle de la terre sera à n’en point douter celui de la maturité. Et tant pis pour ceux qui en douteraient…