L'histoire :
Crocodile ? Lion ? Quel animal est le plus dangereux ? Nestor, le barman affecté au service de quelques gentlemen revenant d’un safari, a une toute autre théorie : le crocolion est sans conteste le plus méchant… Affublé d’une tête de lion d’un coté et de celle d’un crocodile de l’autre, il n’a aucun moyen de se vider les boyaux. Pas étonnant qu’il soit chafouin…
Père et fiston lèvent le verre en souvenir de la splendeur de l’Empire des Indes et en particulier à la santé du 41th Lanciers. La célébration attire l’oreille d’un ancien combattant qui, comble de hasard, a justement servi dans la même compagnie. L’homme évoque Jaipur de 32 à 47 et cette fameuse Lady Ashcroft qu’aucun soldat n’a pu oublier : tout le régiment lui était passé dessus. Un peu sourd d’oreille, Père a confirmation de la bouche du rejeton que l’ancien officier a bien connu Mère en garnison…
Pour convaincre l’ophtalmo qu’il y a urgence à le soigner, Marcel vient avec une irréfutable preuve : un étron de plusieurs kilos. Courroucé par ce spectacle nauséabond, l’éminent spécialiste oriente le malheureux vers le cirque car lui ne peut rien. Pourtant quand le bougre en fait un comme ça, il a un léger picotement dans les yeux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fidèle à ses petits frères, le quatrième recueil de l’intégrale des Sales Blagues (vol 10-11-12) en petit volume poursuit son chemin de croix hors des sentiers de la finesse pour tenter de dérider les plus obtus. Force est de reconnaître qu’à force d’y gouter, on finit, si ce n’est par adhérer totalement à l’humour épais et gluant, par s’y habituer doucement. Ainsi, un peu comme on oublie toute odeur insupportable lorsqu’on a le nez en permanence dedans, le trait dégoulino-provoc de Philippe Vuillemin perd son aiguillon si prompt à titiller. C’est à croire qu’après avoir ingurgité la totalité de l’œuvre, on absorbera la moindre planche comme du petit lait coupé avec un peu d’eau. Mais rassurons les amateurs du maître, les blaguounettes bite-cul-nichon sont encore légion dans l’opus : toujours aussi lourdingues (mais saperlipopette, fichtre, diantre, qu’il est parfois bon de se vautrer dans l’humour gras), toujours servies par ce graphisme si caractéristique pour œil averti. Qu’on se le dise, l’artiste ne fait jamais dans la dentelle, égratignant sans complexe, avec constance, impartialité et exhaustivité, l’ensemble de ses contemporains. Ce type d’exercice est toutefois moins digeste lorsqu’il est livré en gros pavé que proposé en micro-doses dans les feuillets de l’Echo…