L'histoire :
L’été est terminé. Virgile et Malo sont retournés en cours, avec la perspective de draguer deux frangines nouvellement venues dans le quartier. Benji, lui, a franchi une étape majeure dans la construction de soi : il a quitté le lycée, pour remplacer Géronimo chez Francis (au grand dam de Lola, qui le plaque). Dans ce coin de campagne reculé, il apprend les bases de la vie en autarcie, une formation bien plus riche selon lui que l’école, où on n’apprend rien, de toute façon. Quant à Géronimo… Cherchant à retrouver les immenses bonheurs qu’il a connus en été, le jeune sauvageon est retourné par ses propres moyens sur la côte vendéenne. A cette époque, la ville est morose : la pluie et le froid ont remplacé les filles en bikini. Il s’évertue à sonner à la porte des parents d‘Eugénie, ignorant qu’il s’agit d’une résidence secondaire, désespérément vide. Il sympathise timidement avec des ouvriers clandestins sur un chantier, qui lui donnent un quignon de pain… et finissent par le faire embaucher, au noir, pour 150 euros par semaine. Géronimo se crève à la tâche, en faisant comme les autres des horaires démentiels. Jusqu’à une descente de CRS…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Changement de ton et de décor dans ce troisième et dernier acte. Le récit se détache légèrement du trio de potes pour se concentrer un temps sur le personnage central de Géronimo, en perdition. Bien entendu, pour lui venir en aide, les protagonistes répondent présents, plus humains que jamais, quand bien même ils n’hésitent guère à faire un bras d’honneur à l’autorité (parentale ou sociale). A travers le dessin dynamique de Joub, toujours parfaitement adapté au ton de cette chronique sociale, après le beau temps vient la pluie : à la lumière estivale et son lot de bonheurs simples (filles, délires…), succèdent les averses de la rentrée grisâtre et un avenir à court et moyen terme des plus moroses pour Géronimo. Pour ce jeune homme qui, à tous points de vue, n’a pas d’identité, il en va de la météo comme de la destinée : il se retrouve dans le microcosme des clandestins, des travailleurs au noir… Il prend conscience dans la douleur, du revers de la liberté qu’on lui a révélée. Et voilà : qu’est-ce donc que la liberté ? (vous m’en ferez une copie-double pour lundi). En étant éduqué hors des contraintes du monde, Géronimo est-il plus « libre » pour autant ? Etienne Davodeau semble démontrer que la notion de liberté est gouvernée par le degré d’adaptation à un milieu donné. Riches et essentielles sont les réflexions philosophiques, sociologiques ou anthropologiques qui découlent de cette histoire. La fin ouverte (et pratique) nourrira longtemps le lecteur. On n’en attendait pas moins d’un auteur tel que Davodeau…