L'histoire :
Voilà Jeremiah serveur dans un palace néo-kitsh. Il présente bien, il ferme sa gueule, c’est tout ce qu’on lui demande. Enfin il ferme sa gueule… jusqu’à un certain poing (le g n’est pas une faute). Irina, la petite copine (du moment) de Dicky, le neveu du patron, Oncle Maxwell, trouve ce serveur à son goût. Jaloux et ivre de démontrer son petit pouvoir, Dicky cherche donc à humilier Jeremiah. La réplique ne tarde pas : Jer’ l’envoie valdinguer et lui marrave la tronche, nez cassé en prime. Dicky hérite logiquement d’un passage par l’infirmerie et du mépris d’oncle Maxwell, qui a compris que son neveu avait une nouvelle fois abusé de sa position. Jeremiah récolte juste une leçon de morale et peut continuer son job, tandis que Kurdy se la coule douce et s'empiffre depuis la réserve – forcément, avec son casque et son gilet en peau de chèvre, il présenterait moins bien devant la clientèle ! La nuit suivante, Irina se retrouve dans le lit de Jeremiah et elle prend son pied. Kurdy veille depuis l’extérieur. Et il fait bien, car des actes de rétorsion ne vont pas tarder...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est toujours un peu pareil dans ce monde post-apocalyptique : Jeremiah et Kurdy débarquent paisiblement à un endroit et dérangent le potentat local qui fait rien qu’à chercher à les éliminer. Ils sont « les Larbins » d’une enflure, mais ils ne comptent pas en rester là. C’est une nouvelle fois la trame globale de ce 42e épisode, qui ressemble furieusement au 41e, qui ressemblait déjà au 40e, etc. Jusque… fouillouille ! Un moment, dirons-nous. En roue libre et en totale possession de la carte blanche qui lui est attribuée, Hermann fait du Hermann. C’est-à-dire qu’il déroule un épisode stéréotypé de plus, toujours au paroxysme du cynisme et de sa misanthropie désabusée, mais dont on peine de plus en plus à cerner la teneur à travers des répliques régulièrement nébuleuses. Et pourtant, qu’est-ce qu’on l’aime ce décorum de western post-apo réjouissant, établi avec le tome 1 en 1979 ! Ça castagne, ça flingue, il y a de l’originalité dans les freaks rencontrés, des séquences obligées dans la nuit brumeuse, qui permettent d’user de sa maîtrise du lavis et des couleurs directes… Mais désormais plus trop de régularité sur certains personnages (s’il n’y avait ses cheveux bleus, on peinerait à reconnaître Dicky) ou des proportions discutables sur certaines postures. A 87 ans, au terme d’une vie artistique monstrueuse, on peut excuser quelques ratés à Hermann. Cela dit, du Hermann approximatif reste tout de même au-dessus de la moyenne.
