L'histoire :
Village de Folies, Somme, 1931. Madeleine repense à son grand-père. Un homme qu'elle admirait et qu'elle aimait plus que tout. D'ailleurs, elle emprunta son patronyme (Rainer Maria Rilke) quand elle fit son entrée dans la Résistance, comme pour lui rendre un vibrant hommage. Son grand-père était passionné par les roses. Ironie du sort... il est mort d'une leucémie, après s'être piqué avec une épine de cette fleur, à la beauté vénéneuse. Madeleine est née en 1924. Son père est un rescapé de la Grande Guerre. Il est revenu du front avec la jambe en mille morceaux. Avec sa mère, ils se sont rencontrés sur Paris au début des années 20, à l'École Normale. Mutés dans la Somme, dans le Santerre plus précisément, ils prennent leurs marques, Madeleine naît peu après. Dans la vie, Madeleine a deux passions : dévorer des livres et grimper aux arbres. Cette seconde passion va d'ailleurs lui faire connaître un triste évènement. Alors qu'elle joue dans les bois avec les frangins Lagorce et le fils Goret, sa mère lui demande rentrer à la maison (elle ne supporte pas que sa fille fréquente ces derniers de la classe). Pendant que Madeleine rejoint sa mère, les autres enfants découvrent un obus de 14-18 et la bombe explose...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Résistante à 16 ans, torturée et condamnée à mort par la Gestapo, l'histoire de Madeleine Riffaud est faite d'engagement, de modestie et de courage. Une femme toujours alerte du haut de ses 97 ans, le 23 août 2021. Ce qui a décidé Jean-David Morvan de raconter son histoire, c'est le visionnage d'un documentaire, puis l'envie de parler d'une de dernières témoins de cette époque riche en péripéties et en drames. La rencontre se réalise et le feeling entre eux est direct. Au départ, Madeleine Riffaud ne comprend pas bien l'intérêt. Mais les arguments de JD Morvan font mouche. Ce sera une trilogie ! Dominique Bertail rejoint l'aventure dans la foulée. JD MOrvan montre une nouvelle fois ici son art rodé de narrer. Les épisodes de la vie de cette jeune fille au caractère bien trempé sont décrits avec une subtilité verbale telle, qu'on se laisse littéralement emporter. Et que dire du dessin de Dominique Bertail. Impeccable. Délicat. Toujours là où on ne l'attend pas, l'auteur de Mondo Reverso et Ghost money change de registre, signant son premier biopic. Son trait, ses cadrages, sa capacité, sa maestria graphique forcent le respect. Sa technique à l'encre et au lavis bleu est tout simplement sublime. Vivement la suite de ce premier épisode si justement intitulé La Rose dégoupillée...