L'histoire :
A la sortie de l'école de Benjamin, Maman attend son fiston dans sa voiture. Un large sourire sur le visage, Benjamin se jette dans ses bras pour lui faire un gros câlin, puis prend place sur son siège bébé pour jouer avec son doudou. La bonne humeur est de courte durée, lorsqu'il s'aperçoit qu'ils se sont arrêtés sur le parking d'un supermarché... Après qu'elle l'ait emprisonné dans un caddy, la maman fait une halte au rayon fruits et légumes. Elle prend un chou-fleur en main, mais Benjamin fait la grimace. Soit. Elle le repose et prend une botte de carottes : grimace. Des tomates ? Re-grimace. Haricots, poireaux, salade... re-re-re-grimace. Bien énervée, la maman prend tout de même le chou-fleur : ce sera ainsi, un point c'est tout. Benjamin pique alors une grosse colère en public. Il s'imagine que le chou-fleur prend vie, qu'il est énorme, qu'il lui court après et qu'il l'oblige à entrer dans son gosier après avoir été cuit et tout puant, tout gluant... La maman se fâche très fort et poursuit ses achats dans les autres rayons. Benjamin profite alors d'un instant d'inattention pour sauter hors du caddy et partir à l'aventure dans le supermarché...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre et la couverture sont explicites. La thématique de ce sixième opus focalise sur une problématique cruciale et récurrente chez les jeunes enfants : l'écoeurement suscité par un aliment donné. Ici, en l'occurrence, le chou-fleur. Notre « Méchant » Benjamin, dont la particularité est d'être rarement content, a en effet une répulsion monumentale pour ce légume et son odeur de cuisson. Au point de l'imaginer sous forme de monstre gluant et bavant, en train de lui sauter dessus et de s'obliger à être mangé. Cette séquence prend place dans de larges cases (des demi-pages et pages entières), sur un scénario toujours purement visuel (sans le moindre texte, pour être lu à partir de 3 ans). La scène constitue un premier climax réjouissant de l'album, suivi de très près par un autre délire fantasmagorique de ce petit garçon capricieux : il faut le voir en train de faire la farandole avec un aréopage de gâteaux à la crème ! En plus de chatouiller les papilles des parents, ces contextes imaginaires ont passé avec succès tous nos crash-tests de jeunes lecteurs. En outre, sur cette thématique inspirée, Karine de Brab livre sans doute l'album de la série le plus abouti, visuellement parlant. La mise en scène se diversifie (le plan à partir la vitrine de gâteaux, la planque sous le caddy, en deux temps...), le sens du rythme et de l'ellipse s'affinent également. Même le trait, tout en restant simple et cohérent par rapport aux précédents opus, montre plus de détails, plus de truculence dans les expressions. En fin d'album, pour éviter les ennuis avec le CSPCF (Comité de Soutien à la Popularité du Chou-Fleur), Karine de Brab réhabilite ce légume qui, soyons franc, est délicieux en gratin, avec une petite béchamel...