L'histoire :
Ce matin là, quand Maman se réveille, elle trouve son petit Benjamin roulé en boule à ses côtés dans le lit. Evidemment, étant donné que le papa n’est pas souvent là, le bambin en profite… Gentiment mais fermement, elle le renvoie à sa place, dans son propre lit. Puis elle va le « réveiller » comme si de rien n’était, en le couvrant de bisous. La séance de câlins est écourtée par la sonnerie du téléphone. C’est Papa, qui annonce qu’il va débarquer dans pas très longtemps, avec son gros camion. Vite : il faut se laver, se brosser les dents, se peigner, s’habiller et avaler un petit déjeuner express ! Déjà, le klaxon du camion de Papa retentit en bas. Fou de joie, Benjamin lui vole dans les bras, comme s’il glissait sur un immense toboggan tourbillonnant. Puis Papa propose à sa petite famille d’aller faire un tour à bord du gros camion. Fièrement assis sur ses genoux, Benjamin a l’impression d’être un grand, un adulte. Il empoigne et tourne le volant et s’imagine que ses jambes s’allongent jusqu’à atteindre les pédales. Il est Benjamin le costaud, qui traverse le pays imaginaire des bonbons…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La problématique de ce 7e récit court de Méchant Benjamin va peut-être vous paraître insolite, étant donné la tranche d’âge du public cible de la collection Puceron (les enfants à partir de 3 ans) : il s’agit tout naturellement du complexe d’Œdipe. Voilà, bien sûr, fastoche : le complexe d’Œdipe expliqué à mon enfant de 3 ans… On vous balancerait ça à la face entre la poire et le fromage, vous auriez l‘air bien malin. Et pourtant, Carine de Brab relève le gant avec un sens pédagogique maximum et toujours son dessin tout simple et ultra lisible. Ici, Benjamin veut donc prendre la place du père dans le lit de sa mère ; puis, le temps d’un tour en camion, il s’imagine aussi grand et costaud que son Papa. Il s’imagine même avoir une femme et un bébé, ce qui est sans doute un tantinet trop mature pour les préoccupations de l’âge où se déroule cette phase normale de l’évolution des enfants. Néanmoins, ça permet ainsi d’expliquer l’ordre naturel des stades du développement d’un garçon et la place de chacun. C’est plutôt habile, même si pour une fois, Benjamin en oublie d’être « méchant » (ou plutôt grognon), comme le voudrait le titre de la série…