L'histoire :
Zian Mappaz est peut-être un jeune guide des Alpes, il a déjà une expérience et une résistance qui forgent sa réputation. Un jour, il vient en aide à un touriste tétanisé sur une paroi, incapable de se hisser le long de la corde de rappel que lui tend son guide officiel, Laurent, situé un peu plus haut. Zian grimpe et vient le pousser par-dessous, en mettant ses pieds sur ses épaules… et il s’agace lorsqu’il entend le rire de jeunes femmes en contrebas. Une fois redescendu, il ne prend même pas le temps de saluer la moqueuse, Brigitte Collonges, fille de baron parisien. Quelques jours plus tard, lors de la grande soirée de bal des guides, la jeune femme s’excuse en invitant Zian à danser. Zian est sous le charme, au grand dam de Nanette, la jeune femme que tout le village lui imagine pour future épouse. Dans les jours qui suivent, Brigitte engage Zian pour une initiation à la grande montagne. Cela débute par une randonné, puis une nuit en refuge, avant d’attaquer carrément l’escalade d’un impressionnant piton rocheux. Brigitte est obligée d’aller au-delà de ses forces, de se dépasser et elle aime ça. En quelques semaines, elle tombe autant amoureuse de la montagne que de son guide…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jadis pionnier de l’alpinisme, Roger Frison-Roche est surtout célèbre pour avoir fait entrer l’aventure en haute-montagne dans la littérature populaire. Le plus connu de ses romans, Premier de cordée (1941) a été suivi par la Grande crevasse (1948). Jean-François Vivier avait déjà adapté en scénario le premier roman pour les jolis crayons et les pinceaux réalistes de Pierre-Emmanuel Dequest ; logiquement, ces deux auteurs poursuivent l’hommage avec la seconde œuvre, totalement indépendante de la première. Classiquement, c’est une histoire d’amour, mais aussi une histoire qui accorde toute sa puissance au souffle homérique de la haute-montagne, une rivale dangereuse contre laquelle il est vain de lutter. Chez les guides de la trempe de Zian, l’appel des cimes est plus fort que l’amour. Donc une histoire tragique. La trame de fond est limpide car simple… et certes un peu convenue ; elle est essentiellement le véhicule d’un gros bol d’air pur et glacial. Dequest est l’artiste de la situation pour peindre les vastes paysages (ouaaaah la double page 30-31 !), les perspectives vertigineuses face à la paroi enneigée, ainsi que les regards passionnés ou les visages tourmentés. Plus confuse visuellement est la situation au sein de la fameuse grande crevasse finale, dont on peine à entrevoir la verticalité. Cette magnifique seconde œuvre rappelle néanmoins la puissance de la nature, qui sera toujours plus forte que toute la technicité des hommes.
