L'histoire :
Deux guides de montagne chevronnés de Chamonix, le vétéran Jean et le jeune Georges, accompagnent un client anglais, Warfield, pour une course vers le sommet d’un pic du massif du Mont Blanc. Mais alors qu’ils approchent de leur objectif, le temps se détériore fortement. Jean préconise de redescendre au plus vite, mais le client insiste pour aller jusqu’au sommet. Il a déjà fait des courses plus dures et il paie assez cher. Touché dans son orgueil, Jean accepte de continuer au mépris du danger. Mais l’orage s’intensifie et la foudre, après les avoir évité de peu une première fois, finit par tomber sur eux. Grace à son expérience, Jean parvient à prévenir Georges et Warfield de sauter dans le vide le long de la corde juste à temps… mais lui, meurt foudroyé. Atterré, Georges n’a d’autre choix que de faire redescendre l’anglais, qui a viré à la folie. Ce comportement transforme ce client en un poids mort et la descente s’avère longue et pénible. Les orteils de Georges gèlent dans ses chaussures. Une fois en bas, il apprendra qu’il faut amputer. Le corps de Jean est resté quant à lui accroché au roc. Il faut dès lors aller le chercher avant que l’hiver ne rende toute montée impossible, pour plusieurs mois. Cette mission est confiée à son fils, Pierre, et à un autre groupe de guides amis. Le créneau météo est étroit, ils partent par grand froid…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Premier de cordée est le chef d’œuvre paru en 1941 de l’aventurier et romancier Roger Frison-Roche, se déroulant dans le milieu des guides de haute-montagne. Rappelons que Frison-Roche était lui-même alpiniste, à l’origine établi dans la vallée de Chamonix. A la tête des éditions Artège BD, Jean-François Vivier en fait lui-même aujourd’hui une adaptation fidèle (la toute première, a priori !), en un unique one-shot de 46 planches. Dans une première moitié d’album, on retrouve la funeste imprudence originelle du père, qui débouche sur un second drame impliquant le fils. La seconde moitié se concentre sur la « rééducation » psychologique du fils, qui se surpasse pour recouvrer cette passion dévorante qu’est la grimpette. Evidemment, résumer un tel roman en 46 planches, qui nécessite d’être cadencé en vastes panoramas vertigineux, cela laisse peu de place pour dévoiler la profonde personnalité des héros. La psychologie des personnages est donc succincte et se résume candidement aux qualificatifs véhiculés par le propos du récit : courage, abnégation, solidarité, dépassement de soi. De même, les dialogues un peu artificiels ne permettent pas plus l’attachement. Sur le plan séquentiel, pour permettre les respirations vertigineuses inhérentes au sujet, le découpage se ramasse à d’autres moments en petites cases ; et quelques passages du récit originel sont sacrifiés. Le principal est toutefois sauf : la montagne est bel et bien au rendez-vous, majestueuse et impitoyable, magnifiée par les planches réalistes et un brin figées de Pierre-Emannuel Dequest.