L'histoire :
En juin 1928, deux véhicules de l’armée française arrivent au fort Laperrine de Tamanrasset sous une chaleur accablante. Le lieutenant Beaufort vient prendre ses nouvelles fonctions, bien éloignées de celle qu’il occupait jusqu’à présent en tant que chasseur alpin. Et dès l’accueil, on lui explique la mission qu’on attend de lui : retrouver un jeune targui du nom d’Akou Ben Ouhet, qui a assassiné deux enfants d’une tribu antagoniste lors d’une altercation… puis il a égorgé le brigadier moreau qui l’avait arrêté, avant de s’enfuir. L’armée française ne peut laisser ce crime impuni, à la fois pour une question de justice et de maintien de leur autorité. Beaufort est donc envoyé sur les traces d’Akou Ben Ouhet, qui s’est échappé en partant vers l’Est du Hoggar, en lisière du Ténéré. Pour éviter d’ébruiter qu’il s’agit d’une traque, il charge officiellement Beaufort d’escorter une mission scientifique conduite par un certain Lignac, à la recherche de « la piste oubliée », c’est-à-dire de la première route tracée par l’antique peuple saramante. En premier, Beaufort doit constituer son équipe. Il choisit pour second un certain Franchi, en raison de sa grande expérience du désert. Le seul hic, c’est que Franchi est sous la coupe de Tamara, une targuia d’une grande beauté qui lui fait ingérer depuis des semaines du borbor, un poison qui rend docile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir adapté les trois romans du cycle « Chamonix » de Roger Frison-Roche, les éditions du rocher poursuivent logiquement avec les romans de son cycle « Hoggar ». Ce n’est plus le français Pierre-Emmanuel Dequest qui s’occupe de l’adaptation scénaristique, mais l’italien Benjamino Delvecchio, qui s’évertue à rester au plus près du texte original. Jean-François Vivier demeure quant à lui au dessin, avec toujours les mêmes qualités et défauts : un style réaliste particulièrement travaillé avec une belle maîtrise de la couleur directe… mais qui n’évite pas de curieuses erreurs de proportions, de profondeurs et un effet sur-joué statique parfois peu naturel. Après les neiges éternelles des alpes, nous voici donc entre le désert du Hoggar et du Ténéré, par des températures oscillant entre 40 et 50° à l’ombre (là où il y a peu d’ombre…). La narration est entièrement portée par un objectif : une traque sur un jeune targui, qui s’est rendu coupable de triple homicide. Itératif, avec une tendance à se perdre dans les détails (fruit d’une adaptation très/trop fidèle), ce camel-trip est sans cesse perturbé par les évènements intrinsèques au désert – tempête de sable, attaque de frelon, rationnement d’eau, fièvres – ce qui nous fait prendre conscience des conditions extrêmes de la région. Mais la problématique repose aussi tout entière sur le choc culturel que représente l’ordre militaire français de l’époque (en 1928, l’Algérie était encore une colonie) d’avec la civilisation des touaregs. Par exemple : forcer un noble à travailler, quand bien même il est prisonnier, représentait une offense digne d’être lavée dans le sang. Le périple n’étant que partiellement achevé à la fin du volume, la suite de l’adaptation est d’ores et déjà au programme : La montagne aux écritures…