L'histoire :
Le docteur Watson poursuit ses investigations autour de la mort mystérieuse de son ami Sherlock Holmes, officiellement tombé dans une chute d’eau en compagnie de Moriarty. En s’entretenant avec Mycroft, frère de Sherlock et membre du MI6, John Watson a commencé à remettre en question l’intégrité psychologique de son ami, lors de ses deux dernières années (au lendemain de son mariage, Watson a rompu son bail de Baker Street, prenant de fait ses distances avec le détective). Accompagné de Wiggins, héritier des techniques d’investigation du maître, Watson va jusqu’à rendre visite à James Moriarty en personne. Il trouve un professeur d’université physiquement amoindri, défiguré depuis une bagarre de jeunesse avec Sherlock, à des années lumières de son infâme réputation. Watson se rend ensuite au manoir familial du Yorkshire, afin de comprendre pourquoi le patriarche, Siger Holmes, apporte depuis des années une contribution financière aux Moriarty. A son arrivée, le vieillard trône totalement dénudé devant son perron ! Visiblement, le vieil homme n’a plus toute sa tête… Pourtant, dans un sursaut de lucidité, il consent à évoquer la vie de son fils avec Watson, qu’il invite à passer la nuit. Le soir même, il est mystérieusement porté souffrant par son infirmière particulière, qui cherche ostensiblement à éviter tout contact…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Passionnés par l’univers de Sherlock Holmes, Luc Brunschqig et Cecil poursuivent après deux ans d’attente, le détricotage de ce mythe de la littérature policière. Impertinente, la démarche se place à contre-courant des récits-hommages habituels, mais elle s’accompagne d’une réelle jubilation. Contre toute attente, l’enquête est ici menée par le docteur Watson et porte sur le seul mystère qu’Holmes n’a jamais eu l’occasion d’expliciter à ses lecteurs : lui-même ! L’ambivalence de l’Angleterre Victorienne, entre usages aristocratiques et extrême pauvreté, regorge d’occasion de mystères, d’histoires de famille inavouables… Le personnage et son contexte social se révèlent un terrain de jeu idéal pour un scénariste de la trempe de Brunschwig. Comme toujours chez l’auteur, les dialogues sont ciselés, dans le respect de la frange littéraire dont ce type d’enquête est issu. La collection 32 éteinte, c’est désormais en albums reliés que paraissent les « livres » de cette enquête passionnante, comprenant chacun toujours 32 planches. Ce second volet s’ouvre tout d’abord sur un flashback d’une douzaine de pages, décrivant la rencontre des parents de Sherlock Holmes, en avril 1844. Ce faisant, le scénariste ménage son suspens tout en étoffant bien en amont le contexte apparemment complexe de la famille Holmes. Cet éclaircissement est néanmoins parfaitement cohérent avec le mythe, à l’origine adéquate du caractère peu commun du détective. Au dessin, Cecil gère la chose en teintant son dessin de couleur monochrome ocre pour la période passée, et bleue pour l’intrigue au présent. Une nouvelle fois chiadé, son dessin réaliste raffiné et élégant colle lui aussi à l’époque, pour le plus grand bonheur des fans du célèbre détective…