L'histoire :
Attablé à son bureau, effondré de chagrin, le docteur Watson rédige un ultime article retraçant les évènements qui ont conduit à la disparition de son ami Sherlock Holmes. Le célèbre détective s’est en effet rendu, le 4 mai 1891 à un rendez-vous fixé par le sulfureux professeur Moriarty, en haut des chutes d’eau de Reichenbach. Invité à rejoindre les deux hommes, Watson était alors arrivé à la seconde même où Holmes disparaissait dans les rapides, emmenant Moriarty dans sa chute fatale. Le détective avait néanmoins pris soin de laisser un mot sur les rochers, à l’attention de son ami. Trois feuillets expliquent sereinement qu’il se sacrifie pour la quiétude de la société, et qu’il préfère cette fin honorable et profitable, à la décrépitude de l’âge. Au moment où Watson poste son article pour le Strand Magazine, il est hélé par le jeune détective Wiggins. Ce dernier lui apprend que l’appartement de Holmes vient d’être visité et saccagé, la nuit suivant le déménagement des meubles par Mycroft Holmes, frère du défunt et héritier légal de ses biens. Watson et Wiggins enquêtent alors côte à côte sur cette intrusion et vont de révélations en révélations…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fictif, le personnage de Sherlock Holmes inventé par le romancier Conan Doyle est intéressant à plusieurs titres. D’une part, il passionne de par sa perspicacité légendaire et ses méthodes révolutionnaires, requalifiant l’exercice de l’enquêteur au rang d’art. D’autre part, il séduit de par son ambivalence : honnête et doué d’une efficacité optimale, il fait montre d’un caractère détestable et d’habitudes choquantes pour la bonne société victorienne (il est héroïnomane et serait – selon les spécialistes – homosexuel). A la manière de Conan Doyle dans son œuvre, les révélations en série accordent ici une intensité croissante à la nouvelle énigme, qui s’avère captivante. Car un épais mystère entoure la disparition du roi de la résolution des mystères (sic). Autre mise en abîme : Luc Brunschwig imite Conan Doyle racontant Watson relatant Holmes. Ce faisant, le scénariste pointe la part de subjectivité émanant de l’unique biographe du détective, dans ses retranscriptions d’enquêtes. En gros, l’addiction de Holmes pour la drogue (entre autres mœurs) ne peut-elle engendrer des failles dans le personnage, que Watson aurait inconsciemment occultées à son lectorat ? Ce sont tous ces aspects à la fois que Brunschwig embrasse dans cette ultime enquête prévue en 9 tomes, menée cette fois par le « disciple » Watson. En virtuose, Brunschwig se réapproprie l’esprit policier de Conan Doyle et mène l’intrigue toute en finesse, délivrant les éléments avec parcimonie. Directeur de la collection 32 au sein de laquelle il s’autoédite, le scénariste s’entoure judicieusement des talents graphiques de Cecil, qui fait ici appel à la technique de la couleur directe. Le brillant dessinateur livre un travail entièrement en bichromie, collant à la perfection à l’atmosphère mystérieuse, et conférant au récit un petit côté désuet, idoine. Conclusion : Holmes s’impose comme l’un des meilleurs rapports qualité/prix jamais vu en BD !