L'histoire :
Depuis le meurtre des clowns Grocko et Clock, dont l'un est survenu sous ses yeux, le jeune Djin a grandi sans plus adresser la parole à quiconque. Sa mère, qui a tiré à bout portant sur le premier des clowns, clame pourtant son innocence. Mise au ban de la sociéte, accusée de folie à sa sortie de prison, elle reprend contact avec son fils, confié à ses oncle et tante. Commence alors une lente affirmation de la volonté du jeune garçon, devenu adolescent, de comprendre ce qui s'est réellement passé. Muni de son carnet à spirales avec lequel il s'adresse aux habitants de la cité, Djin va se trouver au coeur du dénouement de l'affaire, assemblant autour de lui une improbable équipe. José, le journaliste local devenu l'interlocuteur idéal des télévisions au cœur de la banlieue en révolte, va recueillir les témoignages qui remettent en cause le scénario du second meurtre. Marjolaine, la conductrice de bus adorée des jeunes du quartier, va montrer son courage lorsque Djin sera sur le point de se faire lyncher par une foule manipulée. Une spectaculaire opération de rétablissement de la vérite va se mettre en place, avec au coeur du maelstrom la puissante église du quartier, et le machiavélique Père Destrenod.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Commencée il y a plus de quatre ans, cette chronique sociale matinée de polar trouve dans ce troisième volume une conclusion construite et cohérente. L'utilisation abondante de flashbacks sur la vie des deux clowns ou sur leur rencontre avec Djin apporte au récit une dimension sociale plus profonde encore, tandis que les révélations (au passé comme au présent) se succèdent pour donner un sens à l'ensemble de ce tryptique. L'ambiance pessimiste des deux premiers albums est au départ quelque peu rehaussée par une très belle description du cheminement qui a conduit les deux clowns à se lancer dans le spectacle de rue. Toutefois, assez rapidement, les personnages sombres dominent à nouveau, ainsi que l'aspect très (voire trop) manichéen de cette intrigue. La mise en images de Laurent Hirn agit alors pour donner à l'album toute sa profondeur, apportant tour à tour poésie et noirceur dans un scénario aux ressorts trop appuyés. Il soulève le lecteur et l'emporte au cœur de la vie de ces personnages auxquels on s'attache, montrant une maitrise impressionnante de la mise en scène, des joies et des douleurs. Un travail remarquable en couleur directe, pour des planches très belles aux tons alternativement vifs et pastels. Un troisième tome qui réunit donc toutes les qualités des deux premiers, tout en faisant l'effort louable de boucler la boucle. Ah oui, et j'allais oublier le plus important: il apporterait même une touche d'optimisme !