L'histoire :
7 septembre 2020. Joann Sfar tente le pince-nez pour dessiner au restaurant. Résumé des épisodes précédents : Ilyusha n’a pas été conçu à Hawaï. Joann et Louise l’ont fabriqué à Saint-Raphaël après un feu d’artifice du 14 juillet. Cependant, c’est l’intention qui compte et pour la légende, il faudrait qu’il fut créé une semaine plus tôt à Honolulu. Maintenant, il a 5 mois. Joann a des lunettes pour lire, ainsi qu’une crise d’hémorroïdes, car il a 49 ans. 13 octobre 2020, le 10ème Chat du rabbin et le dessin animé de Petit vampire sortent dans les jours qui viennent. C’est la fin de deux longs cycles. Joann se sent joyeux et vide. Il ne s’habitue ni au masque, malédiction collective, ni aux lunettes, punition individuelle.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis 2018, Joann Sfar n’avait plus publié ses carnets, qu’il avait délaissés au profit de son smartphone. A 50 ans et 106kg, il revient aux fondamentaux avec un 14ème carnet et la ferme intention de perdre du poids. Comme à son habitude, il se livre sans réserve sur sa vie personnelle et fait part de ses prises de positions qui sont rarement dans le consensus mou. Le diariste passe souvent du coq à l’âne, ce qui peut s’avérer surprenant, voir déroutant : il peut aussi bien évoquer l’actualité (Samuel Paty, la fermeture des commerces « non essentiels », une « humoriste » de France Inter qui pense faire une bonne blague sur Zemmour, etc.), la religion (essentiellement le judaïsme, vous vous en doutiez), sa famille, son apprentissage de la guitare, son actualité artistique ou encore des sujets beaucoup plus intimes comme le viol de sa compagne par un de ses amis. Dans sa démarche autocentrée, Joann Sfar nous partage sa réflexion sur notre époque, ce qui donne lieu à des coups de gueules, des petits moments de philosophie ou parfois des traits d’humour bien sentis. Le propos est parfois verbeux mais toujours authentique et sans filtre. Sur la forme, Joann Sfar nous sert son style instinctif et ultra minimaliste qui le caractérise. Même les textes sont conservés de manière brute avec l’écriture pas toujours très lisible de son auteur et ses ratures.