L'histoire :
29 septembre 2021 : Lorsque Joann Sfar est très en retard sur un livre, il fait exprès de commencer autre chose. Il ne faudrait pas transformer la littérature en devoirs scolaires. Son air libre, ce sont ses trois heures de guitare hebdomadaires, même si ce n’est pas très raisonnable. Cette semaine, ce sera guitare au carré ou au cube. Il est en retard sur tout : accumulation de réunions, de rendus et de demandes non satisfaites... mais il disparait tout de même pour 48 heures. Joann se rend à Angoulême chez le luthier Maurice Dupont. Il a commandé une guitare et l’artisan souhaite que Joann dessine dessus avant qu’il ne pose le vernis définitif. Il est heureux de cette escapade...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joann Sfar est l’homme qui dessine plus vite qu’il ne respire. En cette fin d’année, il sort deux livres à quelques jours d’intervalle : la Synagogue et son 15ème carnet On s’en fout quand on est mort. Cet album de 375 pages, que nous éviterons de nommer roman graphique pour ne pas froisser son auteur, couvre la période fin septembre 2021 au 23 décembre de la même année. Comme à son habitude, l’artiste y consigne tout ce qui lui arrive, ses prises de positions, ses états d’âmes, la vie de famille avec son dernier enfant, etc. Si cet exercice peut prêter à quelques moqueries de la part de sa compagne Louise, Sfar nous invite dans son quotidien en dessinant tout ce qui peut lui passer par la tête : de ses réflexions profondes à des situations plus futiles. Evidemment, l’exercice peut apparaitre décousu car Joann Sfar ouvre de nombreuses parenthèses et saute du coq à l’âne sans lien. Ainsi, il est capable d’évoquer les sanitaires bouchés de sa fille, de parler de ses étudiants des beaux-arts avec notamment Margaux, dont les tableaux illustrant des bites, sont subtilisés, ou encore échanger dans ses rêves avec Ophélia Kolb, l’actrice qui a posé nue dans son film consacré à Gainsbourg. Avec Joann Sfar, pas de faux-semblants : il est authentique et entier dans sa manière de se raconter. Graphiquement, son dessin instinctif, qui est facilement identifiable, n’est pas abouti. Ses carnets sont bruts ; même la typographie employée n’est pas des plus lisibles. On retrouve des photos de lui plus jeune, à l’époque où il n’avait pas encore la barbe. Ses carnets sont des journaux intimes rendus publics.
