L'histoire :
Le commissaire-priseur (organisateur d’enchères) Hervé Poulain côtoie les plus grands artistes. Il rêve de faire découvrir l’art actuel et le faire partager au public, d’abord avec Calder et ses « mobiles » (sculptures fines en équilibre et en oscillation). Pour l’édition 1975, il parvient à convaincre BM d’accepter que la carrosserie soit peinte selon les indications de l’artiste. Cerise sur le gâteau, Poulain pilotera lui-même ce bolide multicolore, contre des concurrents aussi sérieux que Ickx, Pescarolo, Jarier… Ce sera dur, avec toutes sortes d’avaries pour beaucoup d’écuries : accidents, pannes, détachements d’éléments, forte pluie inattendue. L’année d’après, Stella couvrira la BMW de ses lignes fines et racées. Poulain reprendra du service, avec beaucoup moins de succès car il multipliera les incidents. Pour 1977, il fera appel à Roy Lichtenstein, qui habillera la BMW d’une robe inimitable, donnant une impression de mouvement. Le duel Renault-Porsche qui domine la course sera difficile pour Poulain, qui terminera pourtant 9ème, une victoire pour lui ! Le duel entre les deux constructeurs, dans ces années, tiendra les amateurs en suspens. 1979 voit l’arrivée de Paul Newman, passionné d’automobile, pilotant lui-même (« avec plus de plaisir que d’obtenir un Oscar ») et Nick Mason, batteur des Pink Floyd. Poulain traverse tout cela avec bonne humeur. N’a-t-il pas déjà gagné son pari ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 11ème volume aborde la célèbre course sous un angle inhabituel, grâce aux souvenirs d’Hervé Poulain, professionnel concerné par l’art contemporain et coureur automobile. Cette série très spécialisée, a produit des albums de qualité qui ont trouvé leur public. Avec Papazoglakis au dessin, pilier de la série et le journaliste Denis Bernard, cet album n’est pas qu’une affaire de bolides, comme on l’a vu. On suit Poulain en direct, avec toute sa flamme et ses paris risqués. Avec trois années (et même quatre !) racontées, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer, la course étant propice à incidents et rebondissements. D’ailleurs, la narration s’appuie sur des faits et données avérés, et donnent des détails sur les classements, les temps, jusqu’à comparer avec d’autres périodes. Le trait efficace et maîtrisé du dessinateur continue à être un réel plaisir (coupable, de nos jours) et on peut parier qu’il ne s’arrêtera pas là. La mise en scène des voitures, rutilantes à l’arrêt, dynamiques et impressionnantes en mouvement, est un régal pour l’œil. Les passionnés et puristes de course auto trouveront peut-être moins leur bonheur avec l’irruption de l’art (et encore). Mais pour le reste du public, il s’agit d’un épisode vraiment à part. Les auteurs auront certainement d’autres évènements à raconter – tant mieux pour nous. Entre temps, on se sera replongé dans la France de cette période, fière de son industrie, sûre d’elle et inventive, en train de se moderniser.