L'histoire :
Un riche père de famille français vogue avec sa fille capricieuse sur un yacht, au large des côtes somaliennes. Une bande d'amis se trémousse sur le pont, sono à fond, et bouteilles de champagne à la main. Le capitaine du yacht qui a loué ses services est un homme désabusé, qui tue le temps en buvant des bières et en fumant des joints. Alors qu'une discussion s'engage sur la possibilité d'approcher les côtes somaliennes pour poser le pied sur un coin de plage, deux canots à moteur accostent le bateau. Une troupe d'hommes armés arraisonne alors les fêtards. Les pirates s'emparent du yacht et réduisent les passagers à l'état de prisonniers. Quand ils débarquent dans la ville de Brawavee, le capitaine du bateau a disparu. Jamal, le chef de la bande, confie les prisonniers à son chef Hassan, qui charge un dénommé Churchill d'organiser la négociation d'une rançon avec la France. Aïsa, la fiancée de Churchill, est une femme superbe, convoitée par tous. Son père Djad est un simple pêcheur, humble et respectueux des lois. Il n'accepte pas de voir sa fille attachée à l'un des trafiquants de drogue et preneurs d'otages les plus connus de la ville. Ce soir-là, en descendant de son bateau, il découvre le corps inanimé mais vivant d'un homme blanc sur la plage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier album de la nouvelle série de Guillaume Dorison plante le décor d'une intrigue violente et sans concession, au cœur d'un réseau de preneurs d'otages et de trafiquants de drogue somaliens. Le contexte est celui des rivalités au sein même des groupes de pirates, dont les motivations sont totalement divergentes. Alors que leur pays a sombré dans l'anarchie, les moyens de s'en sortir font appel à des sentiments divers, allant de la simple cupidité à une forme de revanche morale sur l'occident qui exploite les richesses d'un pays abandonné. L'album est efficacement séquencé et réussit à caractériser avec précision l'envergure des différents personnages, pourtant nombreux. La personnalité de Churchill, pirate somalien diplômé d'une université anglaise, est intéressante, tout comme celle du capitaine baroudeur Maxime Stern qui se révèle au fil des événements. La mise en image confiée à Jean-Michel Ponzio ne surprendra pas ceux qui connaissent le style ultra-réaliste du dessinateur. Celui-ci utilise en effet des photos retravaillées de multiples manières infographiques pour coucher sur papier personnages et décors. Le résultat est au final homogène, grâce à un important travail informatique, qui n'est pas sans donner une certaine raideur aux scènes statiques. Graphiquement forte avec des couleurs sombres et marquées, la série démarre sur des codes visuels de polar moderne et adulte. L'intrigue ne tarde pas à s'enrichir d'une foule de rebondissements possibles, sans oublier un efficace suspense final.