L'histoire :
L’île de Béniguet, à l’approche de l’été 1894. Le destin semble sourire à Yves Kerléo dans la mesure où il monte en puissance dans l’exploitation goémonière de l’île. De fait, il négocie le rachat de la ferme de son voisin, et avec le soutien d’Eugène Lemarchand, industriel de la soude, client et ami, Yves cherche aussi à étendre son activité sur la côte Nord de la Bretagne. Et lorsque sa femme Anne lui annonce qu’elle est enceinte, il est comblé de bonheur ! Mais la bonne nouvelle est malheureusement ternie par un conflit entre les deux frères d’Anne, les géants Yann et Cheun, qui se disputent la même femme, et par la mort de madame Lemarchand. Alors qu’il vient présenter ses condoléances à la famille d’Eugène, Yves croise la belle Estelle, dont il a déjà repoussé les avances. Mais Estelle se montre très insistante et compte bien obtenir de Kerléo ce qu’elle veut. Yves saura-t-il lui résister à nouveau ? Arrivera-t-il à convaincre les goémoniers de la côte Nord de se rallier à sa cause ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite au succès de Chasseurs d’Écumes, le duo d’auteurs a remis le couvert avec L’Or des Marées. Après un premier tome véritablement singulier et bien ficelé, Les Amants de la Mer d’Iroise se devait donc d’être à la hauteur. Autant le dire tout de suite : c’est le cas. Le scénariste François Debois reprend là où l’histoire s’était arrêtée dans le volume 1, pour se focaliser sur l’ascension d’Yves Kerléo dans le petit monde des goémoniers de Bretagne et dans sa volonté de faire fructifier son affaire. De même, l’accent est mis sur sa vie de couple et la future grossesse de sa femme. La narration oscille entre épopée romanesque et récit intimiste, et met en avant les blessures de l’âme. Le côté obscur des personnages principaux (notamment dans la relation ambivalente qu’Estelle entretien avec Yves) est d’une remarquable fluidité. Qui plus est, la rudesse de la vie en fin de XIXème siècle transparait constamment en toile de fond et apporte pas mal de réalisme brut au récit. Encore une fois, le dessinateur Serge Fino distille un trait fin et dynamique qui retranscrit à merveille la vie maritime bretonne d’il y a plus de 100 ans. Tout comme dans le tome précédent, l’artiste apporte un soin particulier aux décors ainsi qu’aux moindres détails. Du côté des couleurs, il opté pour des teintes bleutées qui rappellent sans cesse la mer – un élément omniprésent de cette bande-dessinée – et qui renvoient parfaitement à cette idée d’âpreté du monde d’antan. Au final, Les Amants de la Mer d’Iroise reprend avec cohérence et beaucoup de profondeur les intrigues déjà développées dans Les Moissonneurs de la Mer et amène de nouvelles intrigues savamment dosées pour tenir le lecteur en haleine. Et ça marche plutôt bien...