L'histoire :
Hiver 1899. Yves, Yann et Pol quittent Béniguet pour s’installer sur l’île de Quéménès et poursuivre leur exploitation du goémon, qu’ils revendent pour fabriquer des pains de soude. Mais ils le regrettent déjà. En effet, leurs méthodes de travail sont obsolètes, le matériel ne suit pas et l’éloignement leur pèse. Ainsi, chaque activité s’avère être une véritable corvée. Le danger est omniprésent dans cette contrée hostile où la marée peut s’avérer traîtresse. Qui plus est, avec cette mer quasi constamment démontée, le moral des hommes est en chute libre et pour tout dire, en berne. Ils ne sont pourtant qu’à seulement 9 kilomètres des terres, de la famille et du monde. Mais ces 9 kilomètres en paraissent mille lorsque la mer bouillonnante, blanche d’écume, montre les dents acérés de ses récifs. Après trois semaines de coup de vent sans interruption et de brumes épaisses, Yves profite de la venue de son ami Jean Menguy pour aller sur le continent. Mais les nouvelles ne sont pas très bonnes : la révision du procès Dreyfus est bloquée et des insurrections voient le jour ici et là. Or c’est sur le plan personnel que Yves s’inquiète. En effet, il commence à douter de la fidélité de sa femme, pourtant follement éprise de lui. Puis, lorsqu’il se rend chez Eugène Lemarchand, industriel de la soude et ami, ce dernier s’offusque en apprenant qu’Yves souhaite collaborer avec Davernois, son concurrent direct !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Et de trois ! Après pas loin d’un an et demi d’attente, François Debois et Serge Fino sont enfin de retour pour le troisième tome de L’Or des Marée tiré du best-seller Le Pain de la Mer de Joël Raguénès. Et comme on pouvait légitimement s’y attendre, cette saga romanesque au souffle océanique continue de suivre la vie d’Yves Kerléo dans son exploitation du goémon au sein d’une société en plein changement. On y (re)découvre les atermoiements et les doutes d’un homme en pleine modernisation du commerce de l’iode. Entre succès et naufrages, amours et malheurs, Yves tient la bon la barre contre vents et marées... Du côté des dessins, Fino continue son petit bonhomme de chemin avec des traits détaillés, peaufinant chaque détail de la vie d’antan (les costumes, les bateaux, l’architecture des maisons...). On sent que la recherche est omniprésente et ce, même si la mise en scène en est un peu sacrifiée. Mais le parti-pris est payant, tant L’Or des Marée fleure bon l’authenticité ! En fin de comptes, ce tome 3 reste dans la droite lignée des deux tomes précédents et permet au lecteur de découvrir la rudesse de la vie maritime bretonne à l’aube du XXème siècle, avec l’ombre du délitement de la société sur fond d’affaire Dreyfus. Le duo de Chasseurs d’Écumes signe une belle adaptation du livre de Joël Raguénès.