L'histoire :
En 1250 avant Jésus Christ, Troie est assiégée par l’armée grecque. Le siège va durer plus de 10 ans, avant que l’armée d’Agamemnon et d’Ulysse parvienne par la ruse à entrer dans la cité. Aquilon le grand prêtre et Léonidas le général sont deux trompe-la-mort, joyeux et un peu fous. Libres et forts, ils se jettent régulièrement des défis, partant seuls, en char, marauder dans le cap adverse. Ce jour-là, c’est l’enseigne du grand Achille qu’ils se fixent pour trophée, et qu’ils réussissent à ramener dans Troie. Leur prestige est grand dans la cité. Refusant tout engagement, ils préfèrent traîner au bordel que d’accepter les belles et riches épouses que les bourgeois de la ville leur proposent en mariage. Mais cette indépendance va se terminer le jour où arrivent deux jeunes femmes depuis le désert. Thaïs et Athanea vont littéralement ensorceler les deux hommes qui, malgré les oracles de Cassandre, vouant la cité aux pires malheurs, vont prendre pour femmes ces deux prêtresses du Palladium. Ils ne savent pas que, ce faisant, ils viennent d’ouvrir la porte à la vengeance des Dieux et de précipiter la perte de la ville qu’ils défendaient si bien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gilles Chaillet, dessinateur disparu en 2011, était un grand connaisseur de l’Italie. Son projet d’une grande fresque sur la Rome éternelle, Roma Aeterna, voit enfin le jour. Porté par pas moins de trois scénaristes pour ce premier tome, La Malédiction raconte l’histoire d’Aquilon et de Léonidas, deux troyens qui s’attirent les foudres des dieux et qui vont subir une malédiction millénaire, sur toute leur descendance. Le Palladium, statue renfermant Ker, fille de la déesse de la nuit, Nyx , sera la croix que toutes les générations de descendants des deux grands guerriers troyens devront porter. Eric Adam, Pierre Boisserie et Dider Convard réussissent le tour de force de créer un récit parfaitement lisible à partir de ce mythe complexe. Les dialogues sont percutants et bien portés par un dessin soigné et plutôt bien découpé de Régis Penet, un habitué de la BD historique. Les couleurs de Nicolas Bastide donnent une ambiance particulière, inquiétante, qui colle bien avec ce récit où l’irréel rencontre de plein fouet la vie des hommes. Cerise sur le gâteau, un cahier historique de Bertrand Lançon retrace, en plusieurs pages, à la fois la genèse du projet de Chaillet, mais aussi le mythe de la Rome éternelle à travers les âges. Cela donne un ouvrage bien rythmé, beau et passionnant à la fois. Les albums suivant étant déjà bien avancés, on attend donc avec impatience la suite, en espérant qu’elle soit de la même veine que cette entame réussie.