L'histoire :
Monique Morange, gérante d’un club de remise en forme, intéresse de près les inspecteurs de la brigade financière. En effet, l’argent brassé par son complexe dépasse de loin le niveau habituellement atteint par de ce type de centre. L’enquête abandonne rapidement la piste des produits dopants pour se concentrer sur un notable bordelais, avec lequel Monique Morange entretient une liaison, Pierre Vautier. Vautier est le président d’une association caritative pour familles défavorisées, Soleil d’enfance. Pour récolter ses fonds, il s’appuie sur un ancien animateur télé, encore très médiatique, Gilbert Misaire. Mais aujourd’hui, l’assiocation est en deuil : Jacqueline Vautier vient de succomber à son cancer. Julien, le fils d’une vingtaine d’années, qui vient tout juste de rejoindre l’association aux côtés de Gilbert, est particulièrement peiné. Son quotidien est d’autant plus morne qu’il vient de se faire larguer par sa copine, et qu’il mène de pénibles investigations secrètes sur les magouilles financières de son père. En outre, il apprend à présent subitement qu’il a un demi-frère d’une douzaine d’années, Cédric, fils d’une certaine Monique Morange. Il découvre alors le nom de la société écran, Blue Sky Consult, par laquelle son père et Gilbert procèdent aux détournements de fonds…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin de la troisième enquête financière de la série, toujours orchestrée et huilée avec brio par un spécialiste du genre, Philippe Richelle. Sans chercher à faire dans le spectaculaire, le scénariste alterne différentes trames pour parvenir à une démonstration limpide et sans appel. D’une part, nous suivons les inspecteurs dans les orientations de leur enquête « délicate », étant donné qu’ils s’attaquent à des notables appartenant au réseau du procureur général… D’autre part, nous suivons Julien dans son pénible labeur de reconstruction personnelle, sur le triple front professionnel, familial et sentimental. Le profond deuil de sa mère croise la haine croissante de son père, et le jeune héros semble avoir trouvé un objectif salvateur : faire éclater le scandale sur Soleil d’enfance. Le cas présent rappelle quelque peu l’affaire Crozemarie – dans un autre domaine caritatif – mais il demeure tout à fait original et habilement mené. Sans en dire de trop, reconaissons que Richelle réserve bien des surprises sur le dénouement. Le tout est une nouvelle fois mis en relief fort correctement par Pierre Wachs, sur un style contemporain réaliste maîtrisé et sobre… Il semble en effet difficile de faire dans l’exotique ou le détonnant avec un tel sujet : à l’exception d’une brève scène légèrement mouvementée, il ne s’agit la plupart du temps que de discussions, d’une succession de lentes séquences… mais néanmoins tout à fait accrocheuses ! Ce diptyque n’aidera guère les lecteurs à choisir la voie de la défiscalisation caritative…