L'histoire :
Un juge d’instruction en manque de personnel charge Salvatori, un flic alcoolique, d’enquêter sur une suspicion de blanchiment d’argent. Sa vie a beau être un désastre, Salvatori mène son enquête le plus sérieusement du monde. L’affaire prend un nouveau tournant lorsque l’un des escrocs suspectés est retrouvé assassiné chez lui. En effet, le dénommé Perez s’est fait buté par le peu scrupuleux Elie Favre, petite frappe qui faisait le « taxi » pour lui entre la France et la Suisse. A l’origine de l’altercation : Favre a purement et simplement planqué la moitié d'une somme (frauduleuse) qu’il devait convoyer jusqu’en Suisse, (150 000 euros). Cuisiné par la police, il est trahi par Marion sa copine, son alibi un peu bancale, et se retrouve sous les verrous. Marion, elle, tente de mettre la main sur les 150 000 euros… planqué à la campagne, dans la grange familiale d’un ami au-dessus de tout soupçon. Dès lors que l’affaire prend cette ampleur, Salvatori en est déchargé. Ecœuré, il se saoule plus que d’habitude et en oublie au passage que la grosse voisine du dessous l’avait gentiment invité à dîner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la lignée d’IR$ qui passionne avec des enquêtes fiscales, Secrets bancaires, comme son nom l’indique, propose de décrypter des escroqueries bancaires fictives en 2 tomes. Dans ces thrillers, les protagonistes sont certes des flics, mais aussi des banquiers, des notaires, des financiers internationaux, et toute la clique de truands et de seconds couteaux en bas de l’échelle. Le cadre dépasse en général les simples frontières nationales pour se confondre dans une pluralité de juridictions bien pratique à qui sait s’en accommoder. Toujours scénarisé par Philippe Richelle (Les coulisses du pouvoir), c’est cette fois Dominique Hé qui œuvre sur le présent diptyque. Juste et précis, son trait réaliste sert idéalement une enquête qui laisse peu de place au spectaculaire. Car l’exercice pour le dessinateur n’est pas des plus aisés : il s’agit la plupart du temps de mettre en relief des conversations dans des cadres urbains standards. La narration est froide, linéaire, morcelée de micro-séquences, mais terriblement efficace et surtout très crédible. Richelle n’en fait pas des tonnes sur les personnages qui, tout en exécutant leur besogne d’escrocs ou de flics lambda « en tâche de fond », parlent concrètement de leurs petits soucis quotidiens. De même, tout comme dans la réalité, il n’y a dans cette affaire aucune place pour le manichéisme ou la morale. Les pourris s’en tirent les doigts de pied en éventail et les rares interstices de probité sont ici anéantis. Un constat sévère !