L'histoire :
Tout frais sorti de brillantes études l'ayant mené de HEC à Harvard, Mathieu rejoint la BCE (Banque Centrale Européenne) en ce début 2007. Auteur d'une thèse brillante sur la possibilité d'une crise financière majeure, il retrouve au sein de l'établissement le vice président dont il est, en quelque sorte, l'enfant adoptif. Le brillant Victor de la Salle l'a en effet pris en charge depuis la disparition de ses parents, ce qui, bien entendu, crée entre les deux hommes une relation particulière. Mathieu a l'occasion d'avoir de longues conversations avec son boss, qui l'implique dans les dossiers les plus sensibles, provoquant la jalousie des autres jeunes loups de l'institution financière. Au retour d'un voyage à Pekin, Victor embarque par mégarde une clé USB de son homologue chinois sur laquelle, au milieu de dossiers cryptés, il déniche un document difficile à croire concernant les risques d'une crise majeure de la dette en Grèce. Il se confie à son protégé, tentant d'imaginer la portée que peuvent avoir ces informations si elles sont avérées, et si d'autres banquiers centraux les ont en leur possession. Ils conviennent d'en parler ensemble lors d'un week-end à la campagne. Mais lorsque Mathieu franchit quelques jours plus tard les portes de la propriété de Victor, une surprise l'attend...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les intrigues sur fond d'institutions financières semblent le nouveau Graal des éditeurs de BD. En effet, après La Banque dont le tome 1 (excellent !) nous racontait le premier délit d'initié à l'époque de la bataille de Waterloo, ce sont les prémices de la crise de 2008 qui arrivent chez nos libraires. Le registre ici est totalement différent. C'est un polar moderne que nous propose le très rodé Eric Corbeyran, s'appuyant pour son scénario sur Frédéric Bagarry, véritable professionnel de la banque et de la finance. Les exemples sont empreints d'un grand sérieux, renforcés par des notes en bas de page, fort utiles pour le lecteur de BD qui passe trop de temps devant des planches illustrées, et pas assez plongé dans La Tribune. La mise en scène de ce premier tome, qui va rapidement basculer du coté d'une violence absolument pas économique, est parfaitement séquencée, démarrant sur un flashback des plus accrocheurs. Les séquences qui suivent nous rassurent sur les enjeux du suspense qui s'installe, même s'il est trop tôt pour savoir si le développement à venir sera à la hauteur de l'ambition affichée. Eric Chabbert fait le boulot dans son style relativement neutre mais efficace, ne cherchant pas à détourner le lecteur des enjeux d'une crise potentielle du système financier. Ce nouvel album du duo d'auteurs d'Uchronies ou de Blackstone reste dans un concept visuel et narratif connu et maîtrisé. L'enjeu étant, pour le tome à venir, de donner aux personnages que l'on vient de rencontrer la densité qui permettra de compatir à leur sort.