L'histoire :
Même si Titeuf ne grandit jamais et ne vieillit pas, cela fait tout de même vingt ans que Zep a créé le célèbre enfant en BD. Vingt ans de succès grandissant, de projets fous, de rencontres magnifiques, d’expositions culturelles, de traductions dans le monde, de ventes faramineuses, de dédicaces multiples, de gags désopilants. Tout a commencé dans une cuisine en 1993 : Zep regarde par la fenêtre et observe la cour de récréation d’une école primaire. Très vite, il invente un enfant qui ne sait « pô » parler correctement, qui s’invente des tonnes de choses et vit des aventures comiques avec ses amis… sans oublier la jolie Nadia. Le premier tome s’intitule Dieu, le sexe et les bretelles. Zep reçoit déjà un prix et se lance dans une aventure extraordinaire. Les ventes d’albums passent de 7000 à 10000 puis franchissent rapidement la barre impressionnante du million. Les fans se pressent dans les festivals et les enfants sont passionnés par ce gamin à la mèche rebelle, car ils se sentent représentés et appréciés. Zep multiplie dès lors les projets autour de son personnage : campagne auprès de Handicap International, pochettes d’albums de musique, création du magazine Tchô, création du dessin animé… Le personnage fait même naître une polémique : « pour ou contre Titeuf » tant son succès est immense.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Glénat offre un hommage à la série phare de son catalogue : Titeuf. Pour cela, aucun auteur n’est convié à célébrer l’anniversaire du personnage : c’est son propre créateur qui se charge de revenir sur les vingt années qu’il a passées avec Titeuf. La démarche pourrait paraître un brin égocentrique, mais Zep trouve le ton juste dans cet album de souvenirs. Il alterne les extraits des meilleurs moments des albums déjà parus et des grandes pages récapitulatives qui reviennent sur les faits marquants des années passées. Ainsi, le lecteur apprend une foule de petites anecdotes drôles sur la création du personnage, son évolution et son succès grandissant. Loin d’éviter les sujets qui fâchent, Zep n’hésite pas à parler de chiffres de vente (énormes pour le monde de la BD) mais il ne s’en vante pas pour autant. Bien au contraire, l’auteur partage simplement son émotion et sa surprise d’avoir atteint les sommets de façon aussi soudaine et inattendue. Ainsi, on a l’impression d’assister à un rêve de gosse : Titeuf lui-même n’aurait pas fait mieux ! Avec beaucoup d’humilité et d’amour de son métier, Zep reproduit tous les grands moments qu’il a vécus dans cette aventure folle. Il rend notamment hommage à ses pairs et dessine le grand maître Gotlib, Uderzo ou encore Morris. C’est également l’occasion d’apprécier la qualité du dessin de l’auteur qui, à travers un style inimitable, caricature gentiment des stars de tous milieux : Johnny Hallyday, M, Laurent Delahousse, Patrice Leconte… Grâce à Titeuf, Zep a réalisé une multitude de rêves extraordinaires : une adaptation en dessin animé puis en film, une statue à l’effigie du personnage, un mur entièrement dessiné dans Bruxelles, un succès mondial (Titeuf est même traduit en Indonésie !), une multitude de grands prix (Zep sera président du festival d’Angoulême en 2005)… Tout ce succès et cette effervescence autour de la série valaient bien un petit récapitulatif. C’est également un bonheur de retrouver des extraits en une planche de Titeuf et ses amis. Si l’on en doutait encore, ces morceaux choisis prouvent le talent de l’artiste, tant dans le dessin que dans la science du dialogue et du gag. L’outil est certes commercial et connaîtra autant de succès que les vrais albums de Titeuf, mais c’est aussi l’occasion de découvrir l’homme qui se cache derrière l’enfant de papier : un artiste brillant et au grand cœur.