L'histoire :
Une fois n'est pas coutume, Tif et Tondu se trouvent à Londres, pour une visite de courtoisie à leur ami, l'inspecteur Fixchusset. Ils marchent tranquillement sous la pluie londonienne lorsqu'ils assistent, médusés, à un drôle de spectacle. Un motocycliste vient de débouler sur le trottoir. Il freine brutalement, s'empare d'un projectile et fait voler une vitrine en éclat, s'emparant d'un butin fait de bijoux de grande valeur. N'écoutant que leur courage, ils bondissent dans leur voiture et prennent en filature le malfrat. Lancés à toute vitesse, ils avalent les kilomètres en direction de Douvres, jusqu'aux falaises de Hightill. Soudain, le motocycliste coupe à travers champ, se dirigeant doit vers l'à pic ! Stupéfaits, Tif et Tondu assistent alors à l'impensable : le voleur et son bolide se sont précipités en pleine mer, faisant une chute de plus de 30 mètres !...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Maurice Tillieux était un as pour pondre des scénarios aux saveurs de polar. Une des séries qu'il avait précédemment écrite, Felix, fut aussi une mine d'idées qu'il réutilisa pour Tif et Tondu. Ici, il réécrit la substance de l'intrigue de deux aventures qui avaient été publiées au sein des numéros 401 et 405 d'«Heroîc Albums», une parution qui périclita. Avec ce Roc maudit, il signe non seulement un récit palpitant, mais aussi particulièrement angoissant. C'est aussi beaucoup de lui-même qui est livré dans ce 3ième ouvrage qu'il signe pour la série. Bien qu'il ne fut jamais devenu marin, l'auteur avait en effet effectué une formation dans la Marine Belge au moment même où la Seconde Guerre Mondiale avait éclaté. Le sort décida qu'il n'embarquerait pas, car il fut pris dans le bombardement du port de Bordeaux. De nombreuses années après, il distille ses connaissances à travers cet album, qui fait d'un phare le théâtre lugubre d'une série de meutres. Très vite, la tension s'installe autour d'un mystère qui s'épaissit. Will est aussi l'artisan de la réussite de cette histoire, dont certains passages devaient donner des frissons aux bambins de l'époque : on pense en particulier à la scène des pendus... Si sa mise en page reste très sage - 4 bandes de 2 à 3 cases - il prend manifestement du plaisir à réaliser toutes les scènes en mer. De l'approche et l'amarrage au phare jusqu'à l'évacuation en canot, il plante le décor idéal, en faisant même une sorte de personnage secondaire mais totalement déterminant. C'est à peine si on ne sent pas les embruns ! Bref, Will amène une âme à cette histoire qu'on pourrait situer en Bretagne ou même en Normandie et qui est un must de la série.
