L'histoire :
Devenue adulte, Kathleen revient sur le passé de ses parents, le célèbre couple de trappeur Chinook et Buddy Longway. Elle se remémore toutes les étapes qui ont construit la légende de son père : l’histoire d’amour entre Chinook l’indienne et Buddy l’homme blanc, la chasse à l’orignal, la cruauté de l’homme blanc, la découverte des chevaux... Elle revient aussi sur son bouillant frère Jérémie et sur l’amour de sa vie : le dessinateur Jeff… A travers l’histoire de ses ancêtres, Kathleen en profite pour insister sur l’importance de l’amour et de la nature…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet opus « sequel » vient clore une longue série humaniste démarrée en 1974 ! Avec Buddy Longway, Derib a en effet construit une immense saga, inédite pour l’époque dans le genre du western, mais aussi dans la bande dessinée en règle générale. En effet, finis les cow-boys implacables, exit les scènes de duels pétaradantes, moins de sang, mois d’héroïsme… Derib déplace sa série dans un axe totalement novateur et révolutionnaire. Le message est profondément humain, puisqu’on assiste à l’évolution de Buddy Longway, sa découverte de l’amour et du monde. Les personnages, comme dans la vie, vieillissent et connaissent des moments heureux et tristes. Le western de l’auteur n’est plus une conquête sauvage de l’ouest mais au contraire une occasion de magnifier la Nature et les animaux. Ainsi, il n’est pas rare que l’animal devienne le héros de plusieurs épisodes (le cheval pour Le démon blanc, ou l’orignal pour le tome du même nom). L’amour remplace la haine ou la soif de vengeance et la famille de Buddy s’agrandit. Ici, la « petite » Kathleen fait donc le point sur ce passé grandiose. Une simple occasion de replonger dans l’univers créé par Derib, comme une sorte d’artbook. En effet, les textes écrits par Kathleen n’apportent pas grand chose de neuf, à part une réécriture des épisodes marquants de la série, sous un autre point de vue. Par exemple, certains détails passés sous silence, comme la vie qu’ont menée Chinook et Kathleen pendant l’absence de Jérémie et Buddy dans Vengeance, sont légèrement abordés. Le texte n’est pas franchement transcendant, même s’il s’agit parfois d’un bel hommage à la Nature et à l’amour des siens. En revanche, Derib a repris les pinceaux et nous offre de superbes illustrations à l’aquarelle. Au gré des souvenirs de Kathleen, de grandes images superbement exécutées reprennent les faits essentiels de la série. On se replonge ainsi avec plaisir (et en grand format !) dans cette saga, comme si on compulsait un album photo. Clou du spectacle : trois magnifiques doubles pages qui sont de véritables tableaux où la peinture directe côtoie le gigantisme des paysages. La douceur de la mise en couleur résume à la perfection le ton de la série : l’humain avant tout, dans toute sa beauté et sa profondeur. Une bande dessinée qui n’en est pas une, mais qui se positionne tout de même comme une belle réminiscence d’une œuvre majeure de l’âge d’or de la bande dessinée.