L'histoire :
Kate : A Srinagar, Jonathan se réjouit de l'achat qu'il s'apprête à faire : une thanka (toile finement tissée) pour 2000 roupies. Mais dans l'échoppe du commerçant, une charmante occidentale vient de le doubler, en proposant le double de ce prix. Malgré ce procédé odieux, Jonathan tombe sous le charme de la jeune femme et l'invite à partager un thé. Kate est la fille de l'ambassadeur américain et elle partage l'amour pour la culture tibétaine avec Jonathan. Elle l'invite d'ailleurs à une réception donnée une semaine plus tard à New Delhi. C'est le début d'une relation intense, qui mènera les deux jeunes baroudeurs sur la piste du « château de l'oiseau blanc »...
Le privilège du serpent : Au pied de l'Himalaya, Jonathan s'est reconverti dans la fabrication de fromages. En panne sur une piste, à bord d'un vieux camion pourri, il craint de perdre sa précieuse cargaison. Soudain, un occidental à bord d'une Mercedes décapotable, s'arrête. Jonathan a la stupeur de reconnaître un vieil ami, Casimir Forel, devenu psychothérapeute de stars...
Neal et Sylvester : Tour à tour, Jonathan devient l'ami d'un chien errant tenant une écharpe jaune dans sa gueule, puis de Neal. Neal est un gamin étonnant et attachant, qui discute avec un ami imaginaire, Sylvester, et dit être à la recherche du yéti...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme les précédentes, cette troisième intégrale luxueuse des aventures tibétaines de Jonathan est pur un régal. D'une part, cette série au ton pas comme les autres offre à chaque tome une aventure humaine riche en symbolique. Rappelons qu'à la base, il s'agit d'un occidental à la recherche de son identité, dans un décor naturel les plus sauvages et épargnés qui soit... D'autre part, les tomes 7-8-9 ici réunis correspondent à la maturité de la série : l'album Kate reçut même l'« Alfred » du meilleur album à Angoulême en 1982 (équivalent à l'époque de l'« Alph'art » puis du « Faune d'or » d'aujourd'hui). Effectivement, l'idylle qui se noue entre Jonathan et Kate (personnage inspiré par l'actrice américaine Mimsy Farmer ) autour de leur passion commune pour les splendeurs du toit du monde, envoûte totalement le lecteur en se révélant un modèle d'équilibre, de sens et de sensibilité. Visuellement, Cosey offre de mieux en mieux le compromis synthétique idéal entre l'économie de moyen (c'est pratique la neige : c'est blanc comme du papier...) et une grande justesse dans les cadrages et le trait réaliste. Dans Le privilège du serpent, Cosey rend ensuite un hommage étrange (et « tue le père » ?) à son grand ami et mentor Derib, qui incarne le personnage de Casimir Forel. Puis dans Neal et Sylvester, l'hommage est cette fois voué à l'artiste Christo avec, par la même occasion, un clin d'oeil à Hergé et à son Tintin au Tibet (par le biais de l'écharpe jaune). Enfin, l'épais recueil se complète d'un riche dossier annexe, lors duquel, en marge de moult photos et documents, des textes explicatifs reviennent sur la genèse et le contexte créatif des 3 épisodes. Indispensable !
