L'histoire :
Tout commence par la conférence d'une sociologue qui précise au public d'une conférence que l'art contemporain n'est pas l'art moderne. Il dépasse le cadre historique des supports, aussi bien de la Joconde que d'un tableau de Van Gogh ou d'une sculpture de Giacometti. Il sort du cadre et refuse le socle, pour s'exprimer dans des mises en scènes, des installations, des performances. L'artiste qui cherche sa voie peut décider de suivre le chemin traditionnel du peintre ou du sculpteur, mais dans ce cas les lieux d'exposition auxquels il va avoir accès vont devenir sa principale difficulté. Et quand ces derniers préfèrent la spectaculaire provocation d'un artiste qui sort du cadre, le peintre traditionnel va sembler désuet, aussi moderne que soit son art. Mais pour accéder aux grands espaces qui attirent l'attention des médias, l'artiste contemporain va devoir susciter l'intérêt des décideurs, de ceux qui ont l'influence nécessaire. Le lien avec les lieux publics, les subventions ou le mécénat vont devenir pour lui un préambule absolu à l'expression de son art. Une sorte de passage obligé, même pour les plus grands provocateurs. Edmond et Jules vont, chacun à sa manière, tenter l'aventure...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La subtilité du titre de ce nouveau livre de la Petite Bédéthèque des Savoirs apparaît rapidement, après seulement quelques pages de lecture. Ce n'est pas de l'art contemporain dont il est question ici, mais de ceux qui le pratiquent. Nathalie Heinich nous parle en sociologue et dresse le portrait d'un artiste qui exerce ses talents dans la création contemporaine, nous éclaire sur ce qui caractérise cet homme et comment la société participe à sa démarche. Le rôle de l'état est fortement mis en avant, qui fournit des moyens d'expression à travers ses centres d'art contemporain. La côte des artistes qui peut s'envoler sous l'effet de la spéculation, ou l'importance des réseaux pour avoir accès à des lieux d'exposition, sèment le doute sur la pérennité même de leur talent. Sans oublier le travail avec des assistants, pour ceux qui sont mondialement connus et exploitent leur notoriété. Nous faisons donc ici un plongeon dans des enjeux que le grand-public connait peu, et nous frayons avec une subtile critique d'un art qui, tout en apparaissant à la marge et provocateur, utilise plus que tout les réseaux établis. Simplement, mais très efficacement mis en scène par Benoît Feroumont, c'est une sorte d'avertissement, peut-être un peu simpliste mais très édifiant. Une invitation à parcourir avec plaisir mais sans naïveté les installations spectaculaires ou intrigantes de nos musées d'art moderne. Et à réfléchir aux Balloon Dogs de Jeff Koons.