L'histoire :
En se promenant dans un jardin, Etienne le dessinateur et Ivan le mathématicien discutent du hasard. Existe-t-il réellement des événements sans cause précise ? Le vol du papillon est-il vraiment aléatoire ? Il faut pourtant reconnaître que la vertu du tirage au sort a séduit les hommes depuis des millénaires. La courte-paille lorsqu'il n'y a pas de volontaires, ou la désignation à pile ou face. Les athéniens ou les vénitiens introduisaient délibérément une dose de hasard dans la désignation de leurs magistrats ou pour leur élections. Mais le symbole le plus frappant du hasard à la portée de tous est bien évidemment le lancer de dés. Quelle est la probabilité d'un double six lorsqu'on vient d'en réaliser un. Est-elle strictement la même ou bien est-elle réduite ? Et si on lance un dé un très grand nombre de fois, chacune des six faces apparaîtra-t-elle aussi souvent que les cinq autres ? Pour répondre aux interrogations de ce type, les deux compères vont faire appel aux premières réflexions de Blaise Pascal, parler à Fortuna la déesse du hasard. Et se faire souvent interrompre par un papillon adepte de la théorie du chaos...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Etienne Lécroart, le dessinateur, et Ivar Ekeland, le mathématicien, ont décidé de ne pas nous ménager en nous plongeant dans une série d'exemples chiffrés de haute volée. En déroulant les probabilités d’enchaîner une suite de 1 en lançant le même dé des dizaines de fois, ils transforment la notion de hasard en chiffres démesurés, avec de vrais morceaux de 6 dedans ! Mais ils démontrent avec talent qu'avec une éternité de patience, même les scénarios les plus improbables se réaliseront une fois. Tout le sel de cet album réside dans cette manière qu'ont les auteurs de démontrer que certaines évidences sont fausses, même si pour cela ils nous assènent des calculs parfois réellement musclés. Mais ils le font toujours avec joie, une jolie pointe de dérision qui rend les deux personnages très humains, et un papillon trop bavard qui se prend visiblement pour la coccinelle de Gotlib. On sent dans ce travail en commun tout l'enthousiasme des matheux de haute volée lorsqu'ils parviennent à toucher le grand public, et à lui donner cette petite touche de vertige. Ce sixième tome de la Petite Bédéthèque des Savoirs y parvient, avec la touche de mise en scène qui manque à certains autres albums de cette collection. Il faudra certes avoir au départ une petite fibre pour la chose chiffrée, et rester bien concentré lorsque les bulles s’enchaînent un peu rapidement.