L'histoire :
La petite Addidas, ramoneuse, lutte toujours contre un esprit gluant, responsable onirique du bon (?) fonctionnement du monde. Coincée dans son rêve, elle veut retourner dans le monde réel. Mais c’est peut-être dans les songes qu’elle trouvera une porte de sortie… Addidas arrivera-t-elle à se sortir du chaos semé autour d'elle ? Va-t-elle enfin savoir ce qu'est devenue sa mère ? Qui sont ces êtres étranges vivant sous la ville, qui entrent en contact avec le monde du dessus ? Addidas rencontrera-t-elle cette étrange créature qui hante les tunnels sous la ville. Pourquoi les résidents de l'hôtel (dont son père) perdent-ils peu à peu la mémoire et changent-ils de visage si souvent ? Enfin, Addidas saura-t-elle pourquoi elle tombe invariablement dans ces inexplicables comas ? L’heure du duel final entre la petite Addidas et le Créateur est venue. Pendant que, sans ouvrier pour s’occuper des machines, le monde « réel » se meurt…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça y est, c’est la fin. Ou plutôt le commencement pour reprendre le sous-titre de ce sixième et ultime volume de Koma. Dans cet univers où la frontière entre le fantasmé et le réel n’est plus très claire, il est bien ardu de se lancer dans un résumé sans apporter les réponses aux multiples questions développées par les intrigues scénaristiques. Cette attachante série du scénariste Pierre Wazem (La Fin du monde) et du dessinateur Fredrik Peeters (Lupus, Pilules bleues, les zombies) joue jusqu’au bout la carte du rêve, sans regarder en arrière ni fournir d’explications fumeuses, même si elle nous apporte enfin la plupart des réponses. Mais là n’est pas l’essentiel. Si jusqu’au bout Wazem aura gardé le suspens, c’est pour mieux nous plonger dans un univers onirico-industriel où l’imagination fait loi. Et même si cet univers pâtissait au départ d'une impression de vide accentuée par la quasi absence de bulles et caractérisée par une lecture très rapide de l'album. Il a écrit ici une ode à l’imagination et au rêve, les deux clefs pour créer un monde meilleur. Le scénario est porté par le dessin toujours plus beau et évocateur de Peeters, qui a réussi au fil des tomes à faire coller son dessin avec la couleur. A travers un graphisme toujours aussi simple et frais, il conclut ainsi en beauté une série tendre et poétique, destinée aux adultes, un récit fantastique qui fait réfléchir en nous divertissant, traitant de façon ludique de l'industrialisation à outrance, d'écologie bien sûr dans un univers « big brother » à souhait. La série n'a eu de cesse de s'améliorer au fil des tomes, Wazem y multipliant les surprises, assombrissant au passage son histoire et la rendant de plus en plus mature. La fin est d'autant plus cynique d'ailleurs… L'homme n'apprend rien de ses erreurs, car il aura toujours ce ver en lui. Addidas, le personnage principal, est peut-être un des « enfants héros » les plus attachants de la BD. Au final, ce dernier tome conclut une série qui restera comme une des meilleures productions de ses dernières années, autant scénaristiquement que graphiquement, avec une incroyable force et la beauté du style de Peeters. Alors quittons notre grisaille quotidienne, lâchons nos idées reçues et laissons la petite Addidas nous prendre par la main. Là où elle nous emmènera, nous seront heureux…