L'histoire :
Un futur indéterminé : Ils sont trois et courent, face à un robot géant. Il y a encore trois semaines ils vivaient dans les couloirs du métro. Alors que le monstre de fer va les détruire, un bâtiment encore intact, une sorte de vieux garage (« garage hermétique » est son enseigne), les attire. Et là, dans le sous-sol entrouvert de ce lieu abandonné, une stèle énorme avec quatre paire d’yeux cachées derrière, va révéler un trésor bien étonnant… C’est l’Aube métallique.
Bas les masques : Trois copains masqués harponnent et attaquent un train traversant une étendue désertique. Celui-ci, auto guidé, ne contient que très peu d’humains. Ils sont là pour triturer des cadavres d’autres hommes, tandis que les cerveaux de ceux-ci sont trompés par un casque de réalité virtuelle, leur donnant la sensation de pleine vie.
L'île des morts : Une petite fille, un des premiers colons de la planète Mars, vient de mourir. Le règlement est clair : soit ses parents optent pour son rapatriement sur Terre, pour y être inhumée, soit elle est compostée sur place, afin de rejoindre la matière organique de cette planète sans atmosphère. Une troisième solution émerge : on pourrait exceptionnellement la placer dans une cage en fer plombée, et rester à jamais visible sur Mars dans une sorte de jardin souvenir. L’idée est tellement belle que chaque humain décédant décide de se faire déplacer sur Mars.
L'ignoble bibliothèque du Dr Mardox et Le retour du mange-livre permettent de se plonger dans de saines lectures « dégénérées » avec, d'un côté, une sélection de références underground et cultes, et de l'autre, le haut du panier parmi des nouveautés. L'article de Jimmy Pantera sur les Freak Shows (La malédiction du spectre nain) et la nouvelle illustrée par Jordan Barry-Browne (Seule la violence vraiment nécessaire) de Rich Larson complètent le sommaire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce quatrième numéro de 272 pages au contenu original se révèle alléchant dès sa couverture. Réalisée par Jonathan la Mantia, elle nous montre une créature mi Predator mi Swamp Thing offrant sans nul doute l'une des plus belles monstruosités que le magazine a jamais portées. Concernant le contenu, on appréciera les deux rubriques dans la tradition métallique. Cependant, il faut bien l'avouer, tout cela ne suffirait pas vraiment si nous n'avions en parallèle de bons récits dessinés par les meilleures plumes et pinceaux du moment. Aube métallique de Jake Thomas propose de raconter les origines des Humanoïdes associés par le biais d'un conte SF de premier choix, magnifiquement dessiné par l'excellent Jorg de Vos. Neyef produit Marguerite, une histoire moderne sur la monstruosité sommeillant en chacun de nous. Otto Laix et Antoine Dodé revisitent la thématique de « l'autre », dans leur récit Innocence artificielle. Bas les masque de Julien Lambert, La corbeille de Tom Dearie, L'interview de Nikola Pisarev, le Bracelet de Corbeyran, Rurik Sallé et Nicolas Begue, Bouffée d'angoisse de Laurent Siéfer, Le repas du soir de Pim Bos, sont tous de bons récits courts que l'on apprécie de découvrir. Mais ce sont surtout L'île des morts de Lilas Cognet et Yann Damezin, Peppermint Wendy, de Miran Kim, avec son côté conte pour enfant horrifique, façon Blanquet, le « Robocopic » vert fluo Respect de Matthew Allison, bien malaisant, et surtout l'excellentissime Vukojebina (quelques secondes avant le crash) de Yann Bécu et Alex Ristorcelli, ainsi que le terrifiant Kreas Inc de Harry Bosino sur dessin de Sagar, qui assurent presque à eux seuls la moelle épinière de ce monstre de papier. Quoique dans le genre, Elene Usdin avec son Mary Bell aux couleurs violentes ne fait pas non plus dans la dentelle. Mention spéciale aussi à l'auteur russe Fily Bratukhin, qui impose un style graphique fouillé, pas loin de celui de notre De Crécy national, sur un récit pas horrifique mais maitrisé. Les autres auteurs non cités ne déméritent pas, mais se situent pour diverses raisons une paille en deçà de ces géants. Comme quoi, la barre est haute pour qui se frotte au Métal en fusion. Pour faire bonne mesure, en sus de son éditorial, Jerry Frisen, le rédac chef, remet en lumière l'artiste Henry Lievens et délivre quatre pages sur la Extraterrestrial Highway, menant à la fameuse zone 51. Une monstrueuse Parade, certainement, en tous cas l'une des meilleures revues rock'n'roll dessinée du moment !
