L'histoire :
Le tueur à gages. Premier épisode : Le millième contrat. Starring : Le tueur : Eduardo Hammer. Garry Cooper : Dimitri Dodd. L'inspecteur Briggs : Philo Vance. La victime : Azadiel Kovaks. La petite usine d'éponges belges « Abbey Norton », pas loin de Brooklyn Bridge. Un endroit tranquille. Eduardo Hammer sort de sa voiture. Il s'apprête à exécuter son millième contrat. Un mélange de tension et de soulagement se lit sur son visage. Il est pensif et songe à la fortune qu'il a amassée. Une fois le boulot fait, il va pouvoir se retirer des affaires et couler une vie paisible dans sa ferme du Maryland. Soudain, son attention est attirée par ce qui ressemble à s'y méprendre à un bâton de dynamite placé à côté de la roue, côté conducteur. Il s'empare de l'objet et se demande bien ce que cela peut être : « Tiens... Qu'est-ce que c'est que ça ?... Et ce fil, à quoi diable peut-il servir ? ». Mais une cruelle détonation retentit à quelques centimètres à peine de son visage. Le gangster à l'apparence soignée arbore désormais une face totalement noircie et il ne reste plus que quelques cheveux carbonisés sur son crâne. Il réalise qu'il est tombé dans un piège à la seconde où apparaît l'inspecteur Briggs, qui jubile de tenir à sa botte la vilaine crapule. Les menottes lui sont passées et c'est dans la plus terrible cellule du célèbre pénitencier de Roller-Palmitas (Ariz) qu'il croupit depuis deux ans. Mais il concocte un plan, prêt dans les moindres détails, pour s'en évader...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parmi les personnages emblématiques de l’œuvre de Moebius, le Major Fatal est un incontournable. Dans la préface d'une douzaine de pages signée Claude Ecken, surgit la thèse selon laquelle Gir n'a pas fait que l'inventer, mais que celui-ci s'est imposé à lui. Le personnage devenu culte est apparu la première fois dans Pilote, avec les initiales de ses prénoms, W.W. Explorateur s'inscrivant à l'origine dans une parodie de récit SF, l'homme au casque colonial va progressivement trouver son identité, ingénieur et savant, dans un registre burlesque et délirant, à partir du moment où il va véritablement envahir Le Garage hermétique, dont il était absent à l'origine. Alors il serait vain, car évidemment très prétentieux, de tenter de résumer en quelques lignes toute la richesse ne serait-ce que d'une partie de l’œuvre de Moebius. Mais on peut tout de même en souligner quelques points remarquables. Même si Les vacances du major et L'Homme du Ciguri comptent une vingtaine d'années d'écart, le dessin ne s'en ressent pas vraiment, comme si la perfection graphique était chez l'artiste un signal linéaire... Les thèmes que Moebuis aborde renvoient à l'infini des mondes que le Major Grubert traverse, avant qu'il ne finisse par les créer, puis se faire absorber par eux. Il existe ainsi un pont symbolique entre les deux œuvres, des allers-retours permanents par lesquels Moebius se met en scène à travers son personnage, ouvre des mises en abîme abyssales, comme le livre qu'achète le Major, et distille une forme d'absurdité à trouver une logique. Il en résulte ce sentiment de grotesque diffus et permanent, comme la forme aussi phallique que ridicule du Ciguri. Notons de surcroît, que l'album contient de nombreux autres récits courts, en Noir et Blanc et en couleurs directes, qui partent eux aussi dans tous les sens. Inutile d'en dire plus, c'est du Moebius et ça se suffit en lui-même.