L'histoire :
Après le succès de Tintin au pays des soviets qui, à la fin des années 1920, a dopé les ventes du quotidien Le XXème siècle, Hergé pense d’abord spontanément à envoyer son reporter aux Etats-Unis pour brocarder le capitalisme triomphant, comme il l’avait fait pour les « beautés » du communisme. Toutefois, son patron, l’abbé Wallez, lui indique d’autorité la direction du Congo belge où son Tintin pourrait, selon lui, illustrer les bénéfices accordés par la Belgique à sa lointaine colonie… et plus particulièrement les bienfaits apportés aux petits congolais par les missionnaires, grâce au réseau d’enseignement dont ils avaient l’exclusivité. La seconde aventure de Tintin et Milou commence à paraître dès le jeudi 5 juin 1930.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second titre des « Coulisses d’une œuvre » décortique Tintin au Congo, certainement l’album d’Hergé qui a fait couler le plus d’encre et qui a subi le plus d’évolutions au fil des années. Dès les premières pages de ce livre, « l’hergologue » Philippe Goddin, recontextualise la publication de cette histoire. Il mentionne également les propos d’Hergé qui, en 1979, s’exprimera sur les accusations de racisme et de pro-colonialiste. Philippe Goddin va se livrer à une interprétation et à des commentaires détaillés de cet album. Il n’hésite pas à pointer les multiples invraisemblances de cette histoire, comme le fait que les boas ne vivent pas en Afrique, que le poids des défenses d’éléphant empêchait qu’elles soient portées à dos d’homme, etc. On découvre des anecdotes intéressantes sur certains détails, comme ce qui a inspiré l’emblème de l’avion qui a sauvé Tintin d’une attaque de buffles ; ou encore les motifs qui ont conduit à modifier le nom de cet aéronef. Ce livre foisonne de documents d’époque sur lesquels Hergé travaillaient, ainsi que des dessins qui n’ont pas été publiés. On peut même scanner un QR code qui nous dirige vers une interprétation du chant traditionnel des rameurs de pirogue. Philippe Goddin s’attarde également sur le travail de refonte de ce titre au moment de sa colorisation. Au-delà de l’analyse de Tintin au Congo, ce livre évoque également les travaux annexes d’Hergé sur la même période : Quick et Flupke ou encore des couvertures de magazines. C’est à la fois riche et instructif, les tintinologues vont apprécier.