L'histoire :
Stockholm, à notre époque. Orpheline à la mort de ses parents, alors qu’elle n’a que 3 mois, Jennie est adoptée par une famille aimante, les Lund. Elle fait de brillantes études de médecine légale et devient légiste à Göteborg. Mais une nuit, alors qu’elle est de garde, avec seulement 6 mois d’ancienneté, on l’appelle pour les constatations d’une scène de crime. Jennie assume la tâche et se retrouve au milieu d’une forêt, sous une averse de neige, avec tout ce que la ville compte comme forces de police. L’inspecteur qui l’accueille la prévient : la scène est particulièrement choquante. Jennie découvre en effet le cadavre d’un homme sanglé sur un tronc à 2 mètres de hauteur, les membres coupés, énucléé et émasculé. A ses pieds, au milieu de litres de sang, les membres coupés ont été disposé de sorte à former des symboles. Jennie commence son travail et s’aperçoit que son oncle, le commissaire Oskar Sandström, un homme austère et haut gradé dans la police, se trouve là. Il a déjà un avis bien tranché sur ce crime et il demande à la procureure générale de Suède, qui s’est aussi rendue sur les lieux, le transfert de l’affaire à Stockholm. Mais la procureure refuse : l’institut de Göteborg où travaille Jennie Lund est réputé et tout à fait compétent pour mener à son terme l’autopsie. Jennie fait donc son job de manière très professionnelle. Elle ignore encore que d’autres crimes similaires vont bientôt suivre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre de cette nouvelle série laisse peu de doute sur son registre horrifique. Une jeune et tendre femme médecin légiste se retrouve à enquêter sur une série de crimes rituels ignobles et lourds de symboles. Dès la première scène exposée de manière spectaculaire pleine page, on est au parfum (de la charogne). La fragilité de Jennie Lund et l’atrocité des meurtres mis en scène sur lesquels elle enquête fait un peu penser aux investigations de Clarice Starling, face aux exactions d’Hannibal Lecter dans Le silence des agneaux… Mais la comparaison s’arrête là. Le scénariste Antoine Tracqui, jadis authentiquement médecin légiste, creuse plutôt la piste rituelle, avec un jeu de piste à base de runes et de folklore nordique… mais on ne va pas trop vous en révéler non plus. Sa narration est froide comme un scalpel qui découpe un cadavre, mais tout aussi efficace. Il est précis sur la profession, sait ménager ses effets et fait régulièrement monter la tension, jusqu’à un paroxysme d’hémoglobine final… Il apporte ce qu’il faut de révélations, à l’aide de flashbacks et d’encadrés narratifs, suffisamment pour qu’on ait envie de poursuivre sur un tome 2. Car la résolution complète de cette première enquête bien flippante appelle tout de même deux autres tomes à venir. L’équipe italienne en charge de la partition visuelle (Francesca Follini au storyboard, Paolo Antiga au dessin, Antonino Giustoliano aux couleurs) se conforme elle aussi aux caractéristiques de cette profession de légiste qui réclame rigueur et précision. Le dessin réaliste encré est soigné et détaillé, à tous points de vue : décors approfondis, personnages expressifs, postures justes, découpage et cadrages efficaces, ambiances glaçantes. Le seul reproche qu’on peut formuler, c’est que lui aussi est froid et austère. D’une cohérence totale avec le sujet, donc.