L'histoire :
Gu est en proie à de grosses difficultés pour protéger ses syndiqués. Il faut dire que Go fait régner la terreur dans son rayon et les employés sont obligés de s’interposer subtilement pour protéger les femmes. De plus, ceux qui ont rejoint le syndicat sont sans cesse harcelés pour leur mettre la pression. Pourtant, un événement va faire bouger les choses : les plus vieux employés sont menacés de licenciement. Pour beaucoup, c’est la stupeur et l’incompréhension. Qui laisse place, ensuite, à la colère. Le journal des Fourmis s’empare de la situation pour exister encore plus fort et tenter de recruter de nouveaux membres. A Sumi alimentation, la révolte gronde. Le syndicat a alors une idée coup de poing : des sympathisants viennent en tenue de travail dans les rayons et empestent les égouts. Leur simple présence donne une image négative de l’entreprise et les chefs de rayon ne savent pas comment endiguer le problème. Cette « manifestation » donne également du baume au cœur aux employés et aux anciens qui ont plus que jamais envie de lutter et de rejoindre le syndicat. Est-ce vraiment une victoire pour le clan Gu ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant-dernier tome pour la série Intraitable qui raconte les luttes syndicales dans un monde libéral dur et impitoyable. Choi-Kyu-sok semble intarissable sur le sujet. La vaste fresque qu’il représente est impressionnante dans son amplitude et sa cohérence. A tel point qu’on s’y perd parfois avec un nombre de personnages et d’intrigues différentes importantes. Malgré tout, le fil conducteur de cet opus sera beaucoup plus le jeune Lee Su-in que l’expérimenté Gu Go-shin. C’est d’ailleurs la première fois qu’on le voit aussi peu présent. Les situations se tendent de plus en plus et même si les scènes se répètent (grèves, manifestations ou réunions de préparation), Kyu-sok a toujours su y apporter une petite touche différente. La réflexion sociétale est également impressionnante de justesse et de recul, l’auteur n’hésitant pas à critiquer tout le système, que ce soit le patronat inhumain, les chefs autoritaristes mais aussi les syndicats et manifestants parfois intolérants. Même Su-in se voit obligé d’emprunter une voie trouble pour obtenir ce qu’il veut, preuve qu’une société capitaliste finit par corrompre tout le monde et même ceux qui s’opposent à ce même système. Le dessin apporte vraiment quelque chose de plus à cette gigantesque fresque sociale à la Émile Zola, tant le style fin et élégant de Kyu-sok apporte de l’humanité et de la douceur dans un monde impitoyable.