L'histoire :
L’écriteau fait l’effet d’une bombe : tous les magasins et entrepôts des Fourmis ferment tant que la grève continue. Une belle façon de mettre la pression sur les syndicats et grévistes. Mais cet acte est loin de faire plier les grévistes. Au contraire, ils décident de s’unir encore plus pour lutter contre l’entreprise. Au bureau de direction, la tension est palpable. Le patron est fou furieux et hurle sur monsieur Sung. Pour lui, c’était une très mauvaise idée de fermer les Fourmis. Le but est de continuer à vendre et non de tenter de mettre en faillite une poignée de syndicalistes. Il rappelle au responsable des magasins que s’il a été recruté, c’est parce qu’il est coréen et qu’il a donc un devoir d’unifier et pacifier les entreprises. S’il fallait juste mettre en difficulté l’entreprise pour tuer les syndicats, les patrons auraient pu le faire eux mêmes et prendre la tête des magasins. L’inquiétude est donc de mise et à juste titre, car les médias commencent à s’emparer de l’affaire. Lee Su-in est même interviewé pour raconter leur combat et indiquer jusqu’où ils comptent aller dans leur grève. Il est déterminé mais il reconnaît à demi mot qu’il est inquiet pour la suite : en effet, si la grève s’éternise, qui pourra tenir aussi longtemps ? Les syndicats seront-ils toujours aussi unis ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Clap de fin pour la série coréenne au long cours, Intraitable. La situation s’était tendue à l’épisode précédent et plus on avance, plus l’atmosphère devient lourde et irrespirable. Il faut dire que le mouvement de grève mené par le syndicat dure depuis plus de 30 jours. Choi Kyu-sok en profite pour dresser des portraits plus vrais que nature. C’est d’ailleurs le vrai point fort de la série et même si les personnages sont nombreux, ce qui rend la lecture parfois complexe, on prend bien le temps de développer leur vie personnelle et leur psychologie. Les portraits touchants et magnifiques sont superbement valorisés par un dessin fin et élégant où les visages dégagent beaucoup d’émotions. A l’image du passé trouble de Gu-Go-Shin, on plonge de plus en plus dans l’intériorité des personnages alors que la grève s’enfonce. Ce tome est bourré « d’action » et de moments de tension. Entre les luttes des patrons pour casser la grève, les syndiqués qui se déchirent pour des avis divergents et les états d’âme et les doutes forts des protagonistes, on se demande bien comment tout cela va finir. Le réalisme est bluffant tant et si bien qu’on a l’impression de lire une chronique sociale d’Emile Zola qui se serait passée en Corée. Pour couronner le tout, le final magistral et poignant clôt une série forte et terriblement d’actualité… en tout cas dans des pays où le droit du travail est loin d’être évident.
