L'histoire :
Dans le monde fantastique d’Angor, trois ados de basse caste, Talinn, Evrane et Lorky, se sont retrouvés en possession d’un talisman magique. En effet, en s’y piquant le doigt, et grâce à une simple formule incantatoire, ce dernier leur confère le pouvoir d’accéder instantanément à l’âge de leur choix. Cette apparence est toutefois déterminée une fois pour toute lors de leur premier « transfert ». Evidemment, eux qui rêvaient de quitter leur morne quotidien, pour vivre de vraies aventures de chevaliers et de princesses, ils se sont tous trois réincarnés en adultes d’une bonne trentaine, et se sont enfuis de leurs village, en route pour l’inconnu. Ils se savent traqués par « l’homme en noir », qui convoitait à l’origine ce médaillon, et savent aussi qu’ils ont un mystérieux protecteur, une créature à la peau couverte d’écailles, appelé Mansïouran. Mais pour le moment, Evrane use de son charme pour faire du stop au bord d’un chemin… tandis que Talinn et Lorky se planquent dans les buissons. Ils sont alors pris à bord de la charrette d’un paysan, Timbel, avec lequel ils sympathisent. C’est alors que des bandits de grand chemin, commandés par le colosse Wetlik, les stoppe et les rackette. Or, pas de bol : Lorky avait justement son apparence enfantine et non l’allure du barbare costaud qu’il devient lorsqu’il se pique au médaillon. Leur précieux talisman passe alors aux mains des brigands…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’image du premier opus, cette suite ne s’éloigne guère des sentiers battus de l’heroïc-fantasy pour ados. Mais étant donné que c’est plutôt bien fait, on passe un agréable moment de lecture, emportés dans un univers imaginaire riche en aventures sucrées. Tout d’abord, le scénariste Jean-Charles Gaudin, rompu au registre des mondes de légende (Marlysa, Lans Sirling, le Feul…), prend soin de faire faire quelques transferts à ses jeunes héros, d’un âge à l’autre. Ce choix narratif guère productif sert toutefois à bien remettre en tête le mécanisme magique du médaillon, ainsi que les rapports parfois chamailleurs entre les héros. Puis, évidemment, alors qu’ils ne savent pas trop vers quelle vie ils se dirigent, on leur chipe leur précieux sésame et ils passent le reste de l’album à tenter de le récupérer. Ce faisant, on frissonne quand nos jeunes-vieux héros se jettent à l’eau, on s’impatiente qu’ils découvrent enfin la libido inhérente à leur état mature, on assiste à une course-poursuite lacustre mémorable… Le temps d’une épopée marine, on découvre également deux espèces maritimes dotées d’atouts physiques originaux et fort commodes (les brisants et leur tête-bélier ; les fileurs et leur appendice relié aux branchies). Bref, on passe 46 planches d’aventures ébouriffantes, HF pur jus. Au dessin, Dimitri Armand ne relâche pas la pression et maintient un joli niveau d’exigence, régulier, rythmé, aussi abouti sur les personnages expressifs (ah y’a de ces tronches !) que sur les décors enchanteurs. Ne boudez pas votre plaisir : une fraise Tagada de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal…