L'histoire :
La planète Isis, située à la limite des secteurs terrien, dakoid et amazone, est le berceau du culte des prêtresses d’Isis. Cet ordre passe aux yeux de tous pour un simple mouvement dont l’ostracisme a pour but de « produire » des jeunes femmes pures, vouées à la féminité et à la grâce, une sorte d’élite de la société où les grands et puissants dirigeants aiment à choisir une épouse. Mais leur culte les destine aussi à un dessein secret tout à fait différent : s’infiltrer à tous les niveaux des mondes alentours, pour qu’un jour, l’une d’elles mette au monde celui qui deviendra l’empereur galactique qui donnera un terme aux guerres incessantes. C’est dans la cité interdite des prêtresses d’Isis, qu’Azael’l, la plus douée des vestales actuelles, vit ses dernières semaines en tant qu’apprentie. Elle assiste aujourd’hui à un cours de parfums, discipline visant à savoir produire des fragrances capables de manipuler les sentiments des individus. Elle ignore alors que la matriarche, ainsi que son ancienne marraine d’apprentissage, s’entretiennent à son propos. Le conseil des prêtresses a récemment décidé qu’Azael’l se lierait à l’un des plus hauts descendants qui soit. Si les deux femmes sont d’accord sur ce choix, elles ont en revanche des dissensions quant aux qualités qui permettront à Azael’l d’arriver à ses fins. La mère supérieure pense que la bonté d’âme de la jeune fille est ce qu’il y a de plus précieux, alors qu’Isobel’l craint, au contraire, que cela ne nuise fortement à son futur rôle et l’empêche de prendre les bonnes décisions stratégiques. Mais un événement tragique va pousser Isobel’l à agir à l’encontre de la matriarche : les forces de l’alliance terrestre font route pour attaquer la planète amazone Lilith…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce 10e tome, on retrouve au dessin Aurore, que les bédéphiles connaissent déjà pour la série Pixie, et que les amateurs de mangas connaissent aussi, car elle produit également les affiches de la convention Japan Expo. Les graphismes sont ici encore meilleurs que dans la série précitée. La jeune dessinatrice fait montre, entre autres, de sa maîtrise de l’outil informatiques. Ses planches superbes s’accordent à merveille à l’ambiance. Les tons pastel utilisés donnent véritablement corps au doux monde du temple sacré des prêtresses d’Isis (on sentirait presque les effluves de parfums flottantes, fruitées et sucrées), en directe opposition avec les luttes intestines des dirigeantes de l’ordre, aux opinions radicalement opposées. Et cela illustre parfaitement le monde des prêtresses : sous des dehors de beauté et de grâce extrême, domaines élevés au rang d’art, ces dernières sont en réalité des manipulatrices prêtes à tout pour parvenir à leurs fins. L’intrigue prend place 10 ans avant les événements de la série mère Kookabura. Le but de l’ordre est de ramener la paix dans l’univers en plaçant stratégiquement ses prêtresses aux côtés des hommes de pouvoir, afin qu’elles les « conseillent » et que l’une d’elle engendre un jour le futur empereur galactique. Dans ce contexte, Azael’l, la meilleure des apprenties, est vouée par le conseil de son ordre à devenir la femme d’un empereur puissant. Si la jeune fille ravit la dirigeante de l’ordre par sa grandeur d’âme, ce n’est pas le cas de sa marraine. Celle qui a aidé à sa formation pense que cela risque au contraire de nuire fortement à leurs desseins. Même en dehors de toute connaissance de Kookaburra et de ses « spin-off », le scénario de cet album saura plaire au plus grand nombre, malgré son rythme lent et un renversement de situation trop rapide sur la fin ; les amateurs auront quand même droit à une intéressante partie concernant l’un des enfants de la prophétie. On appréciera aussi la conclusion en forme d’épanadiplose scénaristique et graphique, avec la première et la dernière apparition de l’héroïne, identiques, à ceci près que la pureté immaculée est devenue une sorte de rose empoisonnée aux aspects vampiriques…