L'histoire :
A bout de souffle, Frère Aelred et son compagnon d’infortune fuient le domaine du Duc Mathias, pourchassés par les sbires du puissant maître des lieux : Shagan qui œuvre dans l’ombre depuis nombre d’années. Ayant réussi à semer ses poursuivants, le vieil homme est pressé de retrouver le monastère et Tristan qui y séjourne depuis deux ans : il a d’urgentes révélations à faire… Depuis que la bande des égorgeurs a été décimée, c’est en effet les moines qui protègent l’héritier légitime du Duché de Hasbourg. En leurs murs, il parfait son éducation de redoutable combattant, grâce aux techniques issues de l’enseignement d’Akunaï, originaire des lointaines contrées du levant. Il peut aussi compter sur les leçons d’Hubert, un ancien chevalier de l’ordre du Temple, pour reprendre la place qui lui échoit. Mais pour l’heure, Aelred sauve sa tonsure, car il a commis le crime de s’être introduit, en secret, au château. Il y était pourtant venu sur l’invitation du Duc Mathias lui-même, qui souhaitait être entendu en confession avant de passer de vie à trépas. Ayant eu l’outrecuidance de s’opposer à l’union de la belle Ombeline et d’Eol, le fils de son « bon » conseiller, il paie le prix fort de son insolence : un sort maléfique jeté par Shagan, le puissant Maître des Songes, qui le ronge dès ses paupières fermées. Le fruit de cette confession, le moine se doit de le partager : nul doute qu’il décidera Tristan à entrer dans la partie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le précédent tome avait peu convaincu les amateurs de scénarii ficelés, Yves Swolfs s’étant contenté d’un maigre récit de transition, ce nouvel opus séduit. Certes, on pourra toujours reprocher au scénariste l’utilisation d’une trame on ne peut plus classique, qui ne cherche pas à éviter les clichés ou qui se roule sans honte dans l’empathie. Bien évidemment, les intrigues où il est plus difficile de discerner le bien du mal créent plus souvent la surprise. D’accord, on voit très bien où tout cela nous mènera… Mais laissons-nous faire, pour une fois ! Abandonnons-nous au plaisir simple d’une épopée chevaleresque, dans laquelle les bons (qui en ont bavé des ronds de chapeaux !) dament le pion aux méchants (qui se sont trop longtemps régalé). Comme dans un bon vieux western ou un film de cape et d’épée. Ce 4e tome offre donc un moment agréable de lecture, avec en bonus son petit lot de révélations et de rebondissements. Que demander de plus ? Graphiquement, la mise en scène et les cadrages portent somptueusement le récit, avec un satisfecit pour les scènes de combat. La colorisation minutieuse réalisée par Sophie Swolfs crée de magnifiques ambiances qui se superposent parfaitement à l’histoire. Ce Maitre des Songes devrait être l’avant-dernière étape de la série, Yves Swolfs ayant décidé d’écourter l’aventure pour se consacrer à d’autres travaux. Patience donc pour l’ultime combat…
