L'histoire :
Homère est désormais un vieil homme. Il débarque à la prison d’Argos pour y retrouver son vieil ami, l’Oracle. Celui-ci, décharné, presque transparent, est toujours en vie… Il était déjà un vieillard lorsque Homère avait 20 ans ! A peine libéré, il entraîne Homère au temple d’Héra, pour ce qu’il lui promet être sa dernière histoire. Là, un groupe de jeunes filles écoute l’histoire de la prêtresse du temple. C’est celle de Cydippe, une jeune mère de deux garçons, mariée à un lutteur. Elle se retrouve seule rescapée d’un immense raz-de-marée provoqué par Poséidon, sur l’ordre de Zeus lui-même. En effet, celui-ci a une nouvelle fois trompé son épouse Héra avec une belle mortelle, Galatée. Il la pousse au suicide mais, malgré ce qu’il lui a promis, n’épargne pas les siens. La cité d’Argos est noyée. Aucun survivant, à part donc Cydippe, qui perd ses amours dans la catastrophe. Galatée se confie à son amie juste avant de périr. Cydippe décide de partir aux enfers chercher son amour et ses enfants. Zeus, qu’elle a invoqué et mis au défi, lui donne trois artefacts pour l’aider dans sa quête. Mais à chaque fois qu’elle en utilisera un, elle lui devra une faveur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album magnifique boucle la boucle d’une série graphiquement et intellectuellement très réussie. Avec, à chaque fois, un scénariste et un dessinateur différent, cette série dirigée par Jean-Luc Istin garde une identité visuelle, un ton et une intelligence remarquables. Nous voilà cette fois-ci aux enfers, le royaume d’Hadès, le frère de Zeus. Son royaume est protégé par un fleuve qui tient plus de la mer que du ru de campagne. C’est le Styx, sur lequel Charon, le passeur des âmes, règne sans partage, et fait traverser les morts contre une pièce d’or. Cydippe va traverser mille dangers pour retrouver ses amours, accompagnée d’un mystérieux cyclope, Polyphème, l’un des fils de Poséidon, qui lui propose très opportunément de l’aider… C’est encore une fois passionnant, l’histoire est bien menée et les dialogues sont percutants. Le scénar de Stéphane Betbeder avance, rebondit et nous emmène avec grâce… On se croirait pour le coup sur la barque de Charon, connaissant dès le début la fin de l’inexorable voyage. On en oublie presque l’Oracle, qui va pourtant prendre une place centrale dans la résolution de cette histoire-là. Comme à chaque fois, les dessins son extrêmement soignés. Confiés à Erwan Seure-Le Bihan, qui avait déjà tâté de la mythologie (scandinave cette fois, toujours chez Soleil mais avec beaucoup moins de réussite). Les dessins sont ici précis, agréables, efficaces. Le mouvement et la dynamique des cases sont intéressants et tout concorde, jusqu’aux belles couleurs d’Elodie Jacquemoire, coloriste prolifique et de talent, pour qu’on se plonge dans cette histoire sans jamais en ressortir. A la fin, on est à la fois heureux et déçus, déçus que cela se termine bien sûr, mais certains qu’avec Homère, l’histoire va continuer…