L'histoire :
Sur la plage, les vagues repoussent les restes d’une sanglante bataille navale, épaves et corps inertes. Le jeune Homère cherche le corps de son frère parmi eux, mais il est soulagé. L’oracle surgit alors. Les deux amis dissertent des horreurs de la galère et l’oracle propose alors de raconter à Homère une nouvelle histoire, celle du roi de Sérifos. Léandre n’était pas programmé pour devenir roi. Cadet de sa famille, le fils du roi Agis était déjà, à 11 ans, un grand sculpteur, parti s’aguerrir avec le meilleur ouvrier de Grèce. Mais le destin fait que son père, sa mère et son frère ainé meurent lors d’une attaque des assyriens. De retour précipité sur sa petite île, Léandre y découvre un majestueux bloc de marbre que son père avait commandé pour fêter la fin de son compagnonnage. Il décide alors de quitter sa passion et de se consacrer à son royaume. Mais Zeus en personne se rappelle à son bon souvenir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Troisième épisode de cette série en cinq, et changement radical. On n’est plus ici dans la guerre, le pouvoir et le sexe, comme dans les deux précédents albums. Ici, c’est la lutte d’un petit monarque d’une petite île, face aux guerres politico-économiques menées par sa grande sœur Athènes au profit de quelques-uns. Léandre est un brave mec, qui n’est dévoré par rien, ni par la haine, ni par la soif de pouvoir ou de reconnaissance. Non, il veut juste que son petit peuple ne soit plus emmerdé. Ça repose. Enfin, pas complètement, parce qu’il se heurte aux grandes manœuvres athéniennes, à la Real Politik de l’antiquité, qui n’a rien à envier à la nôtre… Alors qu’il s’en remet à Zeus, le Dieu des Dieux, une fois n’est pas coutume, pêche par orgueil et lui demande de l’émouvoir… Vraiment, le ton change et nous montre une nouvelle face de la mini-saga. Pour autant, le scénar est toujours aussi bien mené, haletant, avec des allers-retours entre les deux conteurs et l’histoire, et des dessins toujours majestueux. Le couple Nicolas Jarry / Gwendal Lemercier fonctionne. Et encore une fois, malgré le renouvellement, le ton, les traits, les couleurs (Héban), tout est dans la continuité de ces magnifiques tragédies. Une nouvelle réussite.