L'histoire :
Samedi 6 décembre 1980, 16h54. Mark Chapman atterrit à l'aéroport de New-York. Il prend un taxi. Pendant la course, il lui indique qu’il est l’ingénieur du son du prochain album de John Lennon. Il s’installe dans un hôtel bas-de-gamme. Il pose sa valise sur son lit et se met en slip. Il se demande ce qu’il est venu faire ici, il regarde son flingue précautionneusement enveloppé dans un linge. Il s’amuse avec dans sa chambre. Il est fan des Beatles depuis toujours. Petit, il rêvait de prendre la place de Ringo à la batterie ou de Paul à la basse, de piquer la place du guitariste ou du clavier. Cette histoire, il se l’est racontée des dizaines de fois. Elle lui sert de berceuse pour s’endormir. Alors qu’il prend son petit-déjeuner, il s’imagine interviewé par une flopée de journalistes. Il répond aux questions pèle-mêle et finit par s’exciter tout seul. Passablement énervé, il prend ses cliques et ses claques et quitte l’hôtel. Il cherche un hôtel de plus grand standing. Le lendemain, il se rend devant l’immeuble où réside John Lennon...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Imagine all the people, living life in peace ». Ces paroles tirées d’Imagine, l’une des plus célèbres chansons de John Lennon, sont une ode à la paix universelle. Ironie du sort, cet apôtre de la non-violence meurt sous les balles au pied de son hôtel. L’auteur de ce crime n’est autre que Mark Chapman, un obscur figurant de la vie, comme il aime se définir. Le scénariste Rodolphe, grand amateur de rock, trace avec précision la personnalité nébuleuse de cet homme, fan de L’attrape-cœurs de Salinger. À l’image du héros du livre, Holden Caulfied, Mark Chapman erre dans New-York. Son but est de tuer son idole de toujours, coupable d’avoir pris sa place chez les Beatles ! Les mots de Rodolphe sont percutants et la tension narrative grimpe jusqu’à ce que l’irréparable soit commis. Gaël Séjourné livre une partition graphique de haute volée avec des encrages réalistes, multipliant les références (Edward Hooper, Abbey road pour la couverture). Son atmosphère est crépusculaire, rythmée et contrastée par des scènes musicales enjouées mettant en scène les Beatles. Prévue au départ en 5 tomes indépendants, la série J’ai tué est une belle réussite et devrait finalement connaître de nouveaux numéros.