L'histoire :
Le 11 juillet 1793, la normande Marie Anne Charlotte de Corday n’a que 24 ans lorsqu’elle arrive à Paris. Elle loge à l’hôtel de la Providence et se prépare à un assassinat qui deviendra célèbre, celui de Jean-Paul Marat. En effet, elle est convaincue que Marat, révolutionnaire girondin et rédacteur en chef de L’ami du peuple, est une plaie pour le pays. Issue de la noblesse caennaise et descendante en droite lignée de Corneille, la jeune femme est indignée par les massacres révolutionnaires prônés par Marat. Elle est fermement décidée à se sacrifier pour supprimer le tyran. Hélas, alors qu’elle voulait commettre son acte en public, à la Convention, elle apprend que l’homme, malade, ne s’y rend plus jamais. Alors elle change ses plans. Elle commence par acheter un couteau chez Badin, une boutique située sous les arcades du Palais Royal. Elle le choisit petit, solide et maniable. Le matin du 13 juillet, elle se rend au domicile de Marat, qui sert également régulièrement de lieux de débats et de conférence de rédaction pour le journal. Mais elle est refoulée une première fois par la gardienne. Puis après quelques heures, c’est la femme de Marat qui lui refuse l’entrée. Alors Charlotte Corday change de méthode et écrit un billet à l’intention de Marat, espérant qu’il accepte de la recevoir en audience…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Marie Corday, que la postérité a retenue sous le prénom de Charlotte, assassine le journaliste et révolutionnaire Jean-Paul Marat le 13 juillet 1793, alors qu’il se trouve dans sa baignoire. Ce meurtre s’inscrira parmi les plus célèbres de l’histoire de France, pour plusieurs raisons. Primo, son mobile est ahurissant : pourquoi diable une gamine a-t-elle pris la peine de quitter sa Normandie pour tuer aussi délibérément et directement un révolutionnaire ? Deusio, le crime perpétré dans la capitale fut immédiatement constaté et commenté par une foule de spécialistes de la communication, qui étaient justement sur place (les tweetos de l’époque…). Tertio, les conditions du meurtre sont peu courantes : Marat s’est pris un violent coup de couteau en plein cœur, alors qu’il était dans sa baignoire, avec un turban imbibé de vinaigre autour de la tête. Bref, voilà de quoi remplir largement un bon one-shot de 54 planches ! Pour faire le tour de la question, le scénariste Laurent-Frédéric Bollée joue énormément avec la temporalité, sans jamais perdre le lecteur. Les flashbacks s’alternent avec les flash-forwards, et le tout est encore entrecoupé par des explications post-mortem entre Marat et Corday, dans les limbes éthérées du purgatoire. Tantôt on découvre l’enfance de Corday, tantôt le parcours de Marat, et le plus souvent, la chronologie de la journée fatidique reprend le dessus. C’est bien ficelé (comme toujours chez Bollée) et parfaitement didactique, bien que le scénario n’arrive pas à souligner précisément les motivations assassines de la jeune femme – mais le peut-on vraiment ? L’ensemble est mis en images par Olivier Martin, un très grand dessinateur qui se bonifie encore au fil des albums. L’immersion sous la révolution, les larges animations parisiennes, les tenues vestimentaires, ou encore la conduite initiale vers l’échafaud « en caméra subjective », vous en convaincront pleinement !