L'histoire :
Sanctuaire de Delphes, Domaine d’Apollon, 335 av.J.-C. Le Roi Alexandre de Macédoine vient consulter la Pythie. Devant son refus, il pénètre avec fracas dans son temple pour lui demander l’assentiment des Dieux. Demain, il part à la conquête de l’Asie. Contrainte et forcée, elle lui lâche : « rien ni personne ne saurait te résister ». Deux ans plus tôt, dans les bas-fonds de Pella, la capitale de la Macédoine, Drosòs déambule une bouteille à la main. Animé par un esprit de vengeance, Pausanias le tue d’un coup d’épée en souvenir d’une fête chez Attale, le conseiller du Roi. Le lendemain matin, Alexandre s’invite au gynécée du palais royal de Pella pour voir sa mère Olympias. Il vient annoncer les prochaines noces de son père, le Roi Philippe II avec Cléopâtre. Olympias était déjà au courant et ne porte pas dans son cœur la jeune femme, qu’elle considère comme une gamine prétentieuse. Elle se méfie surtout de son ambitieux tuteur, Attale. L’homme a les dents longues et complote pour évincer tous les conseillers du Roi. Il a l’ambition de devenir le grand-père du futur monarque, ce qui pourrait bien couper l’herbe sous les pieds d’Alexandre promis au trône…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour un J’ai tué relatant un meurtre de l’Antiquité, le choix d’Isabelle Dethan tombait sous le sens. L’auteure est une vraie spécialiste de cette époque (Les ombres du Styx, Sur les terres d’Horus…). Dans cet album de commande, Vents d’Ouest lui a demandé d’abord d’explorer le temps des pharaons. Beaucoup d’assassinats ont eu lieu durant cette période, mais la plupart des pharaons ciblés sont quasi inconnus du grand public. Elle a donc changé son fusil d’épaule. Elle s’est recentrée sur le personnage d’Alexandre le Grand (déjà évoqué dans son triptyque Le Tombeau d’Alexandre). En effet, c’est par un hasard étonnant que le macédonien a pu devenir roi et se transformer en grand conquérant. C’est grâce au meurtre de son père par Pausanias d’Orestide qu’il accéda au trône. Un assassinat bien étrange... dont le mobile est une vengeance vieille de 8 ans. Bizarre, bizarre… Isabelle Dethan décrypte cette histoire avec le brio qu’on lui connaît. Elle dévoile la condition féminine de l’époque (les femmes élèvent les enfants dans le gynécée, en Macédonie, la polygamie était autorisée…) et les mœurs. Bien sûr, il faut un peu de concentration pour s’imprégner des nombreux personnages (bien qu’elle en ait éliminé pas mal au passage). Une fois passé ce cap, difficile de ne pas se laisser happer par cette histoire dans l’Histoire. Dans la forme, elle fait parler ses personnages dans un langage direct et plutôt moderne, clairsemé de tournures de phrases et de vocabulaire antique. Pour le reste, son dessin est toujours une valeur sûre avec un trait enlevé et des couleurs douces.