L'histoire :
Sous une pluie battante, le vol 1602 de la British Airways se pose sur une piste londonienne. En provenance de Tel Aviv, l’avion ramène à son bord Tara Chace, alias Vigie 2, de retour de mission. Son D.O. (Dirigeant opérationnel) l’attend dans l’aérogare. Tous deux prennent une voiture qui les conduit à une luxueuse demeure retirée en banlieue. Là, en un salon feutré, commence le débriefing musclé de la mission : « Alors l’Arabie Saoudite, comment était-ce ? » Vigie 2 est revenue vidée, brisée de mission. Une mission où elle laissa là-bas son collègue et amant, Tom Wallace, feu Vigie 1. Le problème n’est pas qu’elle l’ait aimé, mais qu’il l’aimait en retour. Le médecin est formel : il lui faut du repos. Noyant sa douleur dans l’alcool, Tara dort mal. Elle rêve de Tom et vomit son malaise aux toilettes. Quand la psychologue vient au matin la visiter, elle l’envoie chier. Bref, Tara Chace est hors-jeu mais qu’importe. Son D.O. la veut sur le front, à la tête des Vigies et là voilà bientôt repartie en première ligne, en Irak, chargée d’assassiner Ahmed Ibrahim Habib Allawi ministre de l’énergie du gouvernement provisoire, soupçonné d’espionner pour le compte de l’Iran…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Evacuons d’emblée une évidence : lorsque sur quatre planches, un scénariste confie l’ouverture d’un album à l’adresse artistique de son camarade, c’est que cette dernière est grande. Très grande ! Le travail proposé par Chris Samnee est en effet irréprochable en tout point. Irréprochable de réalisme, de noirceur (rapport notamment aux encrages), de précaution (jusqu’au moindre détail signifiant), de mouvement, d’émotion, de profondeur, etc. Jusqu’au découpage, réglé de main de maître par un Greg Rucka au meilleur de sa forme. Ce numéro articulé autour de la perte de Tom Wallace et du traumatisme pathologique qu’il grave en Tara Chace (véritablement chamboulée, vomissant ses entrailles !) brille par son intelligence narrative, mêlant sans faux pas une intrigue politique brulante d’actualité – et passionnante - et le portrait fouillé d’un agent souffrant au plus profond de son être. Souffrant d’humanité. Queen & Country prouve une nouvelle fois qu’elle possède une longueur d’avance dans le genre. Loin devant nos standards européens (franco-belges) elle dépeint de manière incomparable l’univers impitoyable et cruel du contre-espionnage. Documentée au poil et orchestrée à la réplique près, la série s’affiche comme un incontournable du genre. Une évidence.