L'histoire :
En 1994, Riad habite toujours à Rennes avec Yahya et sa mère. Son petit frère Fadi, lui, est toujours éloigné, enlevé par son père des mois auparavant. Sa mère est toujours instable, passant ses soirées chez une voyante lui prédisant l’avenir. Riad passe son temps à jouer aux jeux vidéos en pensant à ce que dirait son père. Ses notes chutent, il somnole en classe car il s’endort difficilement, écoute les émissions de la radio et se fait réveiller durant la nuit par le bébé des voisins. Il se lie d’amitié avec Yoann, un cancre comme lui, qui aime dessiner des bédés sans grand talent. Ses relations avec les filles sont compliquées. Il n’arrive pas à parler avec celles qui lui plaisent et une fille très laide de sa classe lui écrit des lettres d’amour qu’il jette sans les lire. Son copain Gregory lui copie une cassette du « film de cul » de Canal+, ce qui lui provoque des rêves érotiques à répétition. Son père lui écrit régulièrement que tout va bien en Syrie, que Fadi ne veut pas rentrer et que Yahia et lui sont attendus par toute sa famille pour faire de belles études comme leurs cousins et cousines. Mais la grande crainte des prochains mois arrive : le service militaire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
6ème et dernier tome des aventures de Riad Sattouf enfant avec son entrée dans la vie adulte, la disparition de certains anciens, la mise en place des fondements de sa vie d’artiste… La période est beaucoup plus longue que les précédentes, sur 18 ans, de 1994 à 2011. Les événements sont décrits de manière plus synthétique, plus rapide, mais le propos est toujours d’une grande finesse. Sattouf maîtrise l’autodérision mais il ne la surjoue pas. On s’inquiète pour lui, pour sa mère qui accumule les mauvais choix, on sent confusément le danger que peut représenter son père et son idolâtrie pour Bachar el Assad, mais on éclate de rire à intervalles réguliers. Ça fonctionne parfaitement et on dévore littéralement les pages sans voir passer le temps. Les dessins sont eux aussi égaux à eux-mêmes, avec la bi ou trichromie en bleu et/ou rouge, le trait épais et caricatural et le découpage en neuf cases, plus ou moins quelques fois. On a vraiment l’impression à la fin des presque 180 pages qu’on dit au revoir à un vieil ami avec qui on a passé de bons moments.